Je m’écartai alors d’elle quelques instants pour tout lui raconter, ou du moins ce que je pouvais. Qu’il n’y avait pas assez de matière sombre pour inverser l’expansion du cosmos, pas assez de masse pour garantir une ondulation cyclique éternelle. Qu’il y avait au contraire une fin, où toutes les étoiles sont soit mortes, soit mourantes, et où il ne reste plus rien qu’une nuit sans éclat. Je lui parlai des armées du crépuscule qui y sont rassemblées, surgies de tous les temps, de tous les espaces. Créatures, présences, machines, armes qui se battent de galaxie en galaxie, de système en système, se battent jusqu’au point critique, où l’entropie n’a plus cours et stagne en d’interminables mares de néant. Aucune lumière. Aucune chaleur. Aucun effet. L’univers est mort et ceux qui restent… héritent du champ obscur. Ils gagnent.
— Et tu as gagné ? me demanda-t-elle. Si c’est le mot qui convient ?