C’est une sensation hors du commun que se retrouver brutalement projeté de sa planète d’origine dans un monde étrange et inconnu. Moi qui n’avais jamais connu la peur, j’étais réduit à une boule de nerfs craintive, sursautant à la seule vue de mon ombre. Je venais de prendre conscience de l’absolue impuissance d’un être humain. Ma robuste carcasse et mes muscles d’acier me semblaient aussi frêles et chétifs que ceux d’un enfant.
Un léger bruit dans mon dos me fit me retourner d’un coup, et je tombai nez à nez sur mon premier habitant d’Almuric. Il n’était guère plus grand que moi, mais plus massif, avec des épaules particulièrement imposantes et des membres épais aux muscles noueux. Son corps était recouvert d’un duvet du même noir bleuté que sa barbe et sa chevelure. Il n’était pas aussi velu qu’un singe, mais jamais je n’avais vu d’être humain si poilu.
Ses yeux arrogants s’attardèrent dédaigneusement sur mes membres lisses et mon visage glabre.
— Au nom de Thak, es-tu homme ou femme ? demanda-t-il.
Après Les Dieux de Bal-Sagoth et Les Ombres de Canaan, voici le dernier des trois volumes réunissant tous les textes d’horreur et d’heroic fantasy de Robert E. Howard, le créateur de Conan le Cimmérien. Au sommaire, le mythique roman Almuric, mais également les derniers textes mettant en scène James Allison, et « Nekht Semerkeht », un texte hanté par le suicide, que Howard écrivit dans le mois qui précéda sa mort.
Comme tous les autres ouvrages de la collection, cette édition élaborée par Patrice Louinet se fonde sur des textes intégraux et non censurés, et est superbement illustrée par Stéphane Collignon.
Robert Ervin Howard (1906-1936), est né et a vécu au Texas.
Il a publié sa première histoire à 19 ans dans la revue Weird Tales (qui publia les auteurs mythiques de l’âge d’or, dont Lovecraft). Après quelques années difficiles, sa carrière démarra en 1928 avec la parution des récits de Solomon Kane, suivis par de nombreuses nouvelles dans des genres auss...