Retour sur l'un de nos chouchous de la fin d'année. Comme on l'avait signifié il y a peu, on a encore en stock quelques interviews à vous faire découvrir. Aujourd'hui, voici la retranscription de l'entretien que nous a accordé l'adorable Isaac.
Vivants, c'est une claque qu'on est ravi de recevoir. Ce roman aussi drôle que romantique, et aussi aventureux que bien écrit, fait incontestablement partie des meilleurs bouquins que Bragelonne ait jamais publiés.
Histoire de convaincre quelques personnes de plus, on se propose aujourd'hui de vous dévoiler les confessions de son auteur. Bien que son roman soit un succès planétaire, Isaac Marion nous est apparu comme quelqu'un de simple et de vraiment gentil. Ci-dessous, il évoque le fond et la forme de son livre, tous deux extraordinaires. Il n'hésite pas non plus à qualifier la constante comparaison entre son œuvre et celle de Stephenie Meyer.
On vous laisse découvrir tout ça ci-dessous !
Pourriez-vous décrire Vivants en quelques mots ?
C'est une histoire sérieuse se déroulant dans un univers absurde. Il y est question de zombies, mais ce n'est pas un roman de zombies.
Pourquoi choisir les zombies ? Est-ce un bon moyen pour faire passer un message, faire réfléchir au sens de la vie ?
C'est à peu près ça, oui. Les histoires de zombies ont été utilisées comme analyses de la société depuis que George Romero a inventé le genre, mais Vivants n'aborde pas les sujets habituels, à savoir le consumérisme, la lutte des classes, etc. Je voulais quelque chose de plus personnel : qu'est-ce qu'être véritablement « vivant » plutôt que simplement « animé », entre autres thèmes. Même si le genre a été largement exploité, je pense que c'est toujours une terre fertile pour les métaphores au sujet du genre humain.
Êtes-vous vous-même fan de zombies ?
Je m'intéresse aux zombies en tant qu'élément de la pop culture et j'ai pensé pouvoir écrire une histoire réellement originale en prenant quelques idées philosophiques importantes et de la prose très littéraire pour les mettre au service d'une intrigue digne d'un film d'horreur de série B.
La façon dont vous abordez les zombies est intéressante : bien que vous en fassiez des êtres doués d'une certaine forme de pensée, vous ne dénaturez pas pour autant l'image du zombie tel qu'on le connaît. C'est comme si nous étions de l'autre côté d'un miroir. Était-ce intentionnel, souhaitiez-vous respecter le mythe ? Et comment avez-vous fait pour vous glisser aussi bien dans la peau d'un zombie ?
C'était l'idée, oui. Je voulais rester très proche du modèle classique des zombies et utiliser tous les stéréotypes préétablis pour ne pas avoir l'air de coller le nom de zombie sur une créature fraîchement inventée qui n'aurait eu aucun rapport. Je m'en suis écarté en suggérant que le zombie avait une forme d'intellect. Mais puisque leur capacité à réfléchir est étouffée par l'apathie, la résignation et la nécessité d'assouvir leurs besoins primaires, les humains ne se sont jamais rendu compte que les zombies n'étaient pas complètement abrutis. Les zombies, eux, s'en moquent. Je pense que j'ai pu me glisser facilement dans la peau d'un zombie parce que je me suis senti comme eux parfois. Je crois que tout le monde a eu, à un moment donné, le sentiment d'être totalement coupé du monde, de ne pas savoir ce qu'il est ou pourquoi il est là, et de toujours suivre la même routine sans en connaître le but. Je pense que de nombreuses personnes sont dans cet état-là en permanence.
J'imagine que vous êtes ravi que votre livre soit adapté au cinéma. Que pensez-vous du rapprochement avec Twilight du fait que ce soit géré par le même studio, Summit Entertainment ?
La comparaison avec Twilight est frustrante mais inévitable étant donné le nombre de rapprochements qu'on peut faire. Summit fait le film, le blurb de Stephenie Meyer est sur la couverture, etc. Mais je trouve cela fantastique que le film se fasse, malgré tout. Il est très difficile de faire sortir un roman du lot de nos jours. Parfois on dirait que le seul moyen de faire connaître un roman au public est de l'adapter en film. J'espère que ce sera le cas pour Vivants et que Summit parviendra à tourner un film génial à partir de ce petit roman bizarre. Pour l'instant, ils semblent être sur la bonne voie.