Ce mois de mai voit l’arrivée de deux nouveaux venus : Véronique Roméo et Éric Nieudan. Leurs ouvrages respectifs sont en vente en version électronique depuis aujourd’hui et les versions imprimées sont d’ors et déjà disponibles à la commande auprès de vos dealers habituels.
Autant de raisons pour reprendre notre petit marathon d’interviews. En attendant de découvrir l’imaginaire fertile de l’auteur de Ch3val de Troi3, nous vous proposons de faire connaissance avec celle de La Voie des Esprits ci-dessous… d’autant que c’est le premier roman de Fantasy publié chez Snark, ce qui est un petit événement en soi !
Jiaan a grandi au sein de la troupe de cirque itinérante de son père où elle se produit régulièrement. Acrobate, elle utilise aussi ses talents pour accomplir des larcins et arrondir leurs fins de mois. Alors le jour où son père lui interdit de réaliser le prochain, qui pourrait pourtant les mettre à l’abri du besoin, cela lui met la puce à l’oreille : que lui cache-t-il exactement ?
À l’ouest du royaume, Theandron et Miraa, les neveu et nièce du roi d’Ikatar, vivent paisiblement malgré la sècheresse qui sévit, et les incidents qui se multiplient dans le duché. Mais un visiteur inattendu va rapidement les plonger dans la tourmente et les intrigues de la cour.
Dans sa quête de vérité, Jiaan va découvrir l’univers des mages de Feydra, et connaître un destin qu’elle n’aurait pas imaginé. Car dans ce royaume où le roi a perdu son fils et unique héritier, un ennemi que l’on croyait oublié œuvre dans l’ombre...
Hello Véronique. Pourrais-tu commencer par te présenter aux lecteurs qui ne te connaissent pas (encore) ?
Se présenter est toujours un exercice compliqué, je trouve. J’ai la quarantaine, je vis à Paris et, dans mon autre vie, je suis aussi professeur et mère de trois enfants. Autant dire que concilier toutes mes activités est une vraie sinécure. (Rires). Et pour compléter le tableau, je suis une véritable amoureuse des livres et je dois dire que ces derniers temps je regrette fortement de ne pas avoir suffisamment de temps pour lire tout ce que je voudrais.
Comment es-tu arrivée chez Bragelonne ?
C’est une longue histoire. En 2006, quand j’ai mis la touche finale à ce premier tome que les lecteurs vont bientôt avoir entre les mains, je me suis mise en quête d’un éditeur. Comme ça. Pour voir. Et lors de mes recherches sur Internet, une des premières maisons d’édition sur lesquelles je suis tombée était Bragelonne. J’ai regardé le catalogue et découvert que j’avais lu beaucoup de livres publiés chez eux ce qui m’a incitée (sans trop y croire) à leur envoyer un début de manuscrit avec le synopsis et toutes les choses demandées sur le site. Deux semaines plus tard, je recevais un mail de Stéphane Marsan me demandant la suite.
En même temps, je me suis inscrite sur le forum et ça a été le début de pleins de merveilleuses rencontres avec des gens passionnés et partageant les mêmes goûts et aussi avec un petite partie de la Brage Team. (Pas vrai César ?)
En ce qui concerne le manuscrit, j’ai attendu la réponse deux ans. Il faut dire qu’entre-temps Bragelonne avait arrêté de publier des auteurs français. Mais j’ai tout de même reçu une réponse de Stéphane. Une lettre de refus, certes, mais avec pleins de conseils pour améliorer mon récit, ce qui m’a incitée à continuer et à le retravailler.
Lorsque quelques années plus tard, à l’occasion d’un échange, Stéphane m’a demandé si j’avais des choses à lui faire lire, je lui ai montré des nouvelles. Il a aimé, je crois, et m’a demandé si je n’avais pas autre chose en préparation. Je lui ai soumis le roman sur lequel j’avais beaucoup bossé depuis. Il n’avait pas fait le lien car j’avais changé de pseudo entre temps mais il a tout de suite reconnu le manuscrit et apprécié le travail qui avait été fait dessus, et avait très envie de lui donner sa chance.
C’est comme ça que quand Hélène et Claire ont lancé le projet de la collection Snark, il leur a proposé mon roman. Et voilà !
Ikatar est la première œuvre de Fantasy publiée chez Snark. Pression ou pas?
Je suis particulièrement fière de ça, car c’est un genre que j’affectionne et que j’ai beaucoup lu. Et c’est d’ailleurs une des premières choses qu’Hélène m’a dite lorsqu’elle m’a proposé de signer avec Snark. Que je serais la première. C’est assez flatteur je trouve !
Mais par contre, oui, pression. Forcément. Parce qu’il y a tout de même une grande tradition de fantasy chez Bragelonne. Et des auteurs de renom ! Donc il faut assurer un minimum.
J’espère aussi que ce premier roman du genre chez Snark donnera l’impulsion pour d’autres.
D’ailleurs, peux-tu nous raconter ta propre histoire avec le genre ? Quelle fut ton premier roman de Fantasy, tes auteurs favoris…
Ah ! Alors là, je vais devoir faire une réponse à la Ted Mosby.
« Kids, back in 1985… »
J’espère que vous êtes bien calés dans votre canapé. Parce que bon. Comme je le disais, la fantasy est un genre qui me tient à cœur. Et depuis longtemps. En fait, je crois que je ne peux pas parler uniquement de fantasy. Au départ ce sont tous les genres de l’imaginaire qui ont justement forgé le mien.
Je suis entrée en contact assez jeune avec les contes de fées et la mythologie, comme beaucoup, et je les ai lus et relus enfant puis adolescente. C’est sans doute mon premier contact avec des univers de fantasy.
Mais à cette époque, la fantasy telle que nous la connaissons aujourd’hui était beaucoup moins présente dans les librairies. Quand je vois les rayons de littérature jeunesse et ados aujourd’hui je suis effarée par la diversité de l’offre. Je crois que j’aurais (encore plus) passé mon temps à lire à l’époque et que j’aurais été obligée d’arrêter l’école (rires). Heureusement qu’il y avait des auteurs classiques comme Jules Verne, Mary Shelley ou les sœurs Brontë par exemple. Et aussi les fameux « Livres dont vous êtes le héros », pour combler les vides.
Finalement, je suis surtout entrée dans les littératures de l’imaginaire via la SF dont j’ai dévoré les ouvrages d’auteurs tels qu’Asimov, Bradbury & co. Barjavel m’a beaucoup marqué, avec Ravages. J’ai aussi beaucoup fait mes armes en lisant des récits fantastiques grâce à Lovecraft, Poe, Maupassant. Et des plus récents tels que Anne Rice, Graham Masterson. Et bien sûr Stephen King !
Bref,la fantasy au sens strict est arrivée un peu plus tard avec des livres tels que L’Enchanteur de Barjavel ou Les Dames d’Avalon de Marion Zimmer Bradley. J’ai aussi lu les premiers livres de la série des Elric de Michael Moorcock. Il y a eu La Belgariade de David Eddings. En fait, je réalise en revenant en arrière que j’ai réellement découvert Tolkien plus tard, après avoir essayé une première fois trop jeune sans doute. Comme quoi on peut aimer la fantasy et ne pas être non plus fan hardcore de son « créateur ».
Mais un des livres dont je garde le souvenir le plus vif – j’ai encore la couverture du poche de l’époque en tête – est Pug l’Apprenti de Raymond E. Feist. Le premier cycle a été une vraie révélation. Et m’a permis de faire beaucoup d’autres découvertes. Guy Gavriel Kay, David Gemmell, Robin Hobb, Tad Williams, j’en oublie sans doute des tas ! Et plus récemment des auteurs comme Neil Gaiman, J.K. Rowling ou encore Fabrice Colin pour les français.
J’aime aussi les auteurs qui ont un univers fantastique et qui mélangent les genres comme Isabelle Allende ou Gabriel García Márquez. De l’amour et autres démons est un merveilleux souvenir par exemple. C’est sans doute à cause de toutes ces références variées que je n’aime pas cloisonner les genres.
Comment est né le monde d’Ikatar ? Qu’est-ce qui a motivé son écriture ?
Il est né au départ d’une envie. J’avais envie moi aussi de raconter une histoire. Et aussi, quelque part, j’étais un peu frustrée parce que les personnages principaux des romans que je lisais et que j’aimais étaient souvent des hommes, même quand l’auteur était une femme, les filles étant reléguées au rôle de faire-valoir. Bien sûr ça a un peu changé avec la bit-lit, mais je ne suis pas fan de bit-lit.
J’avais envie que, pour une fois, ce soit une jeune fille qui se retrouve dans cette quête initiatique et qui vive des aventures dans un monde médiéval, avec de la magie et des créatures fantastiques. J’avais envie d’écrire de la High Fantasy dont le héros serait une femme.
Bref, ce n’est pas Ikatar qui est né c’est Jiaan, mon personnage « principal » (même si elle est loin d’être seule !). Une fille de cirque, voleuse, qui fait une découverte qui va changer le cours de son existence.
L’univers d’Ikatar s’est constitué au fur et à mesure que j’avançais dans l’histoire. Il est le résultat des périples de mes personnages principaux, qui sont au nombre de quatre (deux garçons deux filles, vive la parité !) et dont les destins passent leur temps à se croiser.
Et je dois avouer que je ne l’aurais pas pensé aussi vaste quand j’ai commencé ! Au point qu’une fois que l’histoire a été terminée, j’ai dû faire des ajustements sur mon premier tome pour en intégrer certains aspects.
Une de mes motivations principales a été, je crois, d’écrire une histoire qui ressemble à la fantasy que j’aimais lire étant jeune. Faire un récit qui me plairait. Transmettre cette découverte d’un univers fabuleux, mais pas forcément hospitalier, où tout est possible. Laisser libre cours à mon imagination pour entraîner le lecteur vers de lointaines contrées.
C’est tout de même un des luxes de l’auteur de fantasy de pouvoir évoluer dans un univers qu’il créé du début à la fin, en faisant parfois fi des lois de la physique. De quoi développer un véritable God Complex.
Le premier volume d’Ikatar est un récit initiatique à bien des niveaux. Les deux héroïnes principales font chacune l’apprentissage de la vie à la dure. Que voulais-tu transmettre ?
C’est vrai que c’est un récit initiatique, et c’est totalement voulu, comme je le disais tout à l’heure. J’avais envie de reprendre ce côté roman initiatique à la Pug ou Harry Potter et de partir d’un point de vue féminin. Jiaan et Miraa sont deux héroïnes féminines aux caractères complètement opposés mais qui se complètent bien. Mais bien sûr, cela va bien au-delà de ça.
Cette histoire quelque part, c’est la vie. Les destins qui s’entrecroisent. Dans un univers de fantasy certes, mais, comme dans la vie, on est toujours dans une lutte de pouvoir, de valeurs. Et il faut apprendre à réagir pour survivre, et à se battre pour ne pas se laisser écraser. Et une des leçons importantes, c’est qu’on ne peut pas se battre seul. Qu’il faut aller vers les autres, et faire avec ses différences, pour pouvoir aller de l’avant.
Quel rapport entretiens-tu avec tes différents personnages ? As-tu des favoris?
Des rapports intenses et … conflictuels par moment. Il faut dire que parfois ils n’en font qu’à leur tête. Mais ils ont souvent de bonnes raisons !
Alors, oui, j’ai des préférés, qui ne sont pas forcément les personnages principaux même si j’ai une tendresse particulière pour Jiaan. Mais je préfère ne pas trop en dire pour ne pas influencer les lecteurs. Mes chouchous ne seront peut-être pas les leurs.
Si je ne m’abuse, La Voie des esprits est ton premier livre publié ? Est-ce pour autant ton premier texte écrit ?
Oui, tu as raison, c’est mon premier livre publiée ! Je suis d’ailleurs très excitée à la veille de sa sortie ! Mais ce n’est pas mon premier texte écrit. Pour la petite histoire, j’ai entièrement tapé mon premier roman de Fantasy (déjà !) à douze ans sur la machine à écrire de ma mère. Mais rien de bien sérieux à l’époque même si le désir d’écrire était déjà là.
Après un passage à vide assez long, le virus de l’écriture m’a repris, il y a un peu plus d’une dizaine d’année, et j’ai écrit un certain nombre de nouvelles parallèlement à l’élaboration de la trilogie. Certaines ont été publiées sous le pseudonyme d’Eve Oemor.
Question rituelle : comment résumerais-tu cette œuvre… en seulement trois mots ?
Hmmmm… Difficile. Voyons… Trahison, magie et aventure. Ça me paraît plutôt un bon programme, non ?
Sans déflorer l’intrigue, que peux-tu nous révéler sur la suite des aventures de Jiaan, Miraa et les autres ?
Question complexe car, détestant moi-même être spoilée, je m’en voudrais de faire subir ça aux lecteurs. Je dirais donc que dans le second tome mes différents personnages se retrouvent dans des situations difficiles et vont devoir faire face à l’adversité.
D’une manière générale, ce deuxième tome réserve des surprises. On va beaucoup s’intéresser aux personnages masculins avec Theandron et Luka. Comprendre un peu mieux les enjeux qui sont soulevés à la fin du premier. Et en découvrir davantage sur l’univers d’Ikatar, mais je n’en dis pas plus : le titre devrait déjà être un indice.
C’est un peu le tome du « passage à l’âge adulte » pour mes personnages qui ont été pris dans la tourmente et doivent trouver un moyen de s’en sortir.
Quels sont tes projets, de manière générale ?
Et bien, je vais déjà finir de travailler sur le dernier tome, celui qui va clore les aventures de Jiaan et des autres. C’est un enjeu du numérique de ne pas faire attendre trop longtemps le lecteur entre deux livres et c’est un vrai challenge pour l’auteur et l’éditeur.
Parallèlement, j’ai un projet de roman en cours d’écriture. Un one-shot. Je change complètement d’univers puisque cette fois-ci ce ne sera pas un roman de fantasy. C’est une histoire qui se passe de nos jours. Mais avec une pointe de fantastique et de SF. On ne se refait pas !
Ikatar, tome 1 : La Voie des Esprits ISBN papier : 9791028102111 / 24,00€ ISBN numérique : 9782820515681 / 4,99 € 448 pages
Sachez, chers lecteurs, que si vous vous rendez aux Imaginales ce week-end, vous croiserez certainement Véronique. Vous pouvez également la rejoindre sur une fanpage nouvellement créée sur Facebook.