Vous connaissez Mathias Moucha, Silène Edgar, Jeff Balek et Christelle Verhoest. Faites maintenant connaissance de Cécile, qui est l’auteure du deuxième feuilleton de Snark après Le Rêve Oméga.
Les Foulards rouges est une œuvre des plus ambitieuses. Les deux premiers épisodes de la première saison (sur sept prévus) sont disponibles sur les stores depuis deux jours… et ils rencontrent déjà un très, très beau succès.
Que vous ayez déjà téléchargé l’épisode pilote (gratuitement) ou pas encore, voici un entretien qui devrait vous permettre d’entrer dans l’imaginaire florissant de cette jeune auteure…
Épisode 1, déjà disponible (et il est gratos !)
Plongez avec Lara dans l’enfer de Bagne, planète-prison où le danger se cache partout, au cœur de chacun de ses sinistres habitants, et même derrière chaque goutte d’eau, chaque ressource naturelle de cette terre irradiée.
Sur Bagne, Lara traverse les étendues désertiques pour remplir ses contrats et ses missions. Car Lara est une Foulard Rouge, appelée à faire régner la loi à grand renfort de balles. Et sur cette planète-prison où les deux-tiers de la population sont des hommes, anciens violeurs ou psychopathes, c’est une vraie chance pour une jeune femme comme elle de ne pas avoir fini dans un bordel. En plus, elle fait son boulot plutôt bien – on la surnomme même Lady Bang. Mais Lara n’a pas obtenu ce job par hasard – tout comme elle n’a pas atterri dans cet enfer par hasard. Elle doit tout ça à quelqu’un en particulier, quelqu’un à qui elle en veut profondément... et qui, pourtant, a peut-être quelque chose de nouveau à lui offrir, une chose qui n’a pas de prix. Acceptera-t-elle de baisser un peu sa garde pour écouter ce que son envoyé, le mystérieux Renaud, a à lui proposer ?
Pourrais-tu commencer par te présenter aux lecteurs qui ne te connaissent pas (encore) ?
Salut ! Cécile Duquenne, 26 ans, auteure de SFFF la nuit, étudiante en langue et littérature japonaise le jour. Dans mes rêves, je suis alternativement pirate de l'espace à bord de l’Arcadia et sorcière à Poudlard chez les Serpentards. Sinon, dans la vraie vie où il faut gagner des sous pour se nourrir, j’espère entamer l’an prochain un doctorat dans le domaine de la littérature japonaise, trois à cinq ans d’incertitude et de terreur pour devenir, peut-être, je l’espère, professeur de lettres japonaises.
Mais sinon, je vous assure, je suis du côté optimiste de la Force. ^^
Comment es-tu arrivée chez Bragelonne ?
Par un énorme coup de chance ! Je venais de terminer les corrections d’un roman vampirique tout à fait loufoque : Quadruple assassinat dans la rue de la Morgue, le premier tome (sur six) de la série des Nécrophiles Anonymes. (prochainement disponibles chez Snark). C’était une correction effectuée dans le cadre d’un cycle de bêta-lecture du collectif CoCyclics – qui est, pour résumer grossièrement, un collectif d’auteurs de SFFF qui s’entraident et se corrigent, comme il y en a de nombreux autres sur le net. Le coup de chance vient du fait que, juste avant que je termine mon cycle de corrections, Bragelonne venait de passer un partenariat avec le collectif. Stéphane Marsan a donc reçu la quatrième de couverture du roman dans sa boîte mail et m’a directement demandé à ce que je lui envoie le texte complet.
Trois jours plus tard, Stéphane me disait « oui »… et c’était le début de l’aventure avec Bragelonne ! Pour l’anecdote, il y a encore quelques années de ça, au tout début de ma toute jeune carrière d’écrivain, quand j’étais tout juste publiée en fanzine et qu’on me demandait quelle était la maison d’édition de mes rêves, je disais en riant : « Oh, idéalement, j’adorerais aller chez Bragelonne, mais bon, on en reparle quand j’ai 50 ans de carrière ! »
Morale de l’histoire : évitez de dire autant de bêtises que moi et, surtout, croyez en vos rêves !
Épisode 2, également disponible au prix de 1,99 €.
Tu es issue de la première génération d’auteurs à utiliser le numérique comme canal de diffusion de tes ouvrages. Quel regard sur ce marché naissant, du moins, de notre côté de l’Atlantique ?
J’ai toujours été enthousiaste vis-à-vis des supports d’écriture numérique. Cela est en partie dû à ma génération, comme tu le soulignes. Vers quatorze ans, j’ai découvert l’univers de la fanfiction sur internet et c’est à travers ce media que je me suis tout d’abord exprimée. C’est véritablement à ce moment-là que j’ai attrapé le « virus » de l’écriture. De plus, ayant grandi sous l’aile d’un parrain informaticien, j’ai vite eu fait de m’approprier les outils numériques, ce qui fait que j’ai toujours écrit sur PC, jamais sur papier. Cela facilitait d’ailleurs grandement la publication sur les sites de Potterfiction (vous avez dû deviner, à ma présentation, que j’adorais ce fandom…). Tout allait très vite et ça me paraissait extrêmement naturel et constructif : l’échange entre auteurs et lecteurs m’a beaucoup aidé à tout de suite apprivoiser la critique, à l’accepter, et donc à me remettre en question.
Du coup, quand on m’a parlé pour la première fois de livre numérique, je n’ai même pas sourcillé : ma pratique de l’écriture est intimement liée au support numérique, ce canal de diffusion si nouveau pour beaucoup de lecteurs m’est apparu comme familier, voire parfaitement naturel ! Je suis extrêmement enthousiaste à l’idée du développement du marché numérique en France, et quand des éditeurs comme Bragelonne me proposent de publier en numérique, je n’hésite pas une seconde : pour moi, cette édition a autant de prestige qu’une édition papier. Sinon plus, car le numérique est un territoire nouveau, dont nous sommes les explorateurs… tout est possible dans ce monde-là, et ça, c’est excitant !
Parlons des Foulards rouges. Comment est né ce projet ? Qu’est-ce qui a motivé son écriture ?
À la base, je n’avais pas spécialement envie d’écrire de la SF, et puis j’ai vu la série TV Firefly, de Joss Whedon : un coup de cœur absolu !! Et comme pour Entrechats, mon premier roman paru chez Voy’[el], c’est un roman inspiré d’une série TV. Inspiré, seulement, car on est très très loin de l’ambiance de Firefly, de ses personnages, de son intrigue. Vous y retrouverez seulement le côté « western spaghetti de l’espace », ainsi que le syncrétisme religieux, entre l’Orient spirituel et l’Occident industriel. C’est à peu près tout.
Au départ, j’envisageais Foulards rouges comme un univers transmédia, un peu à la manière de Yumington de Jeff Balek, mais je me suis finalement contentée de faire ce que je savais le mieux : écrire (parfois, il faut accepter l’idée que, non, on n’a pas le temps de tout apprendre).
Côté motivations, j’avais tout simplement envie de me dépasser : c’était un nouveau défi, pour moi qui n’avais jamais envisagé d’écrire de la SF ! Tout un ensemble de codes à maîtriser, à comprendre, à appliquer (avec si possible un chouïa d’originalité, quand même…). Et j’ai découvert que j’adorais ça. Je ne sais pas si Foulards rouges ressemble à de la pure SF (après tout, c’est aussi du steampunk, une uchronie, une dystopie, une romance… oops, spoilers !), mais en tout cas, ça me ressemble moi. ;-)
Les autres épisodes suivront au rythme d'un par mois.
Tu as développé cette série pour qu’elle ait la forme d’un feuilleton. Peux-tu nous dire comment tu t’y es prise ?
Eh bien, comme dit plus haut, j’ai commencé l’écriture via la fanfiction. Le format feuilleton m’est donc apparu comme naturel étant donné que c’était plus ou moins ce que je faisais déjà avec mes Potterfictions : on écrit un chapitre qui dispose de sa propre unité pour ne pas frustrer ses lecteurs, on le poste, avec un cliffhanger bien sadique à la fin pour frustrer nos amis lecteurs un peu quand même, etc.
Bon, je me suis quand même posé des questions sur la viabilité de la forme feuilletonesque en ce qui concerne le roman, car je n’en avais jamais vu de publié autrement que sur Internet. Il y a trois ans encore, quand j’écrivais la première saison, le feuilleton numérique était considéré comme has been ! Il a fallu des gens comme Vanessa du Frat ou le studio Werewolf (au milieu des années 2000) pour que le genre perce à nouveau sur Internet puis fasse son entrée dans les catalogues éditeurs comme ceux de Bragelonne, Walrus, Voy’[el], NumerikLivres etc. Toutes ces personnes font partie des précurseurs, non seulement pour le numérique, mais aussi pour le feuilleton.
Après, côté méthode d’écriture, comme dit plus haut, le format m’était tellement naturel que je ne me suis même pas posé de questions : c’est venu comme ça. Je me pose rarement des questions, d’ailleurs, dans la vie. J’écoute surtout mon instinct.
Après les Nécrophiles anonymes, tu changes radicalement d’univers littéraire…
Oui ! Je déteste l’ennui et la monotonie. D’ailleurs, ça se voit dans Foulards rouges : on bouge beaucoup, il y a rarement un moment dénué d’action ou de tension, et les événements s’enchaînent à un rythme qui va crescendo.
Et puis, écrire de la SF, c’était un défi. Et j’adore les défis !!
Le projet a-t-il évolué depuis que tu l’as proposé à Bragelonne ?
Plus ou moins : j’ai abandonné l’idée du transmedia, mais, sinon, je n’ai rien changé au roman. L’univers est resté très fidèle à ce que j’avais prévu depuis le début. De même, la série était prévue en trois saisons et, pour l’instant, elle est toujours prévue en trois saisons…
Après, bien entendu, la série a gagné en qualité et en maturité, car il ne faut jamais sous-estimer les effets d’une bonne correction éditoriale ! ;-)
Question rituelle : comment résumerais-tu cette œuvre… en seulement trois mots ?
Western. Steampunk. Magie.Sans déflorer l’intrigue, que peux-tu nous révéler sur la suite des aventures de Lara ?
Pour deviner la suite, posez-vous une seule question : « Et qu’est-ce qui peut lui arriver de pire, maintenant ? » Cette même question s’applique à la toute fin de la saison 1. ;-)
Bon, je vous rassure un peu, il lui arrive aussi des trucs cools, quand même.
Y aura-t-il une saison 2 ?
Oui ! Elle est déjà sur les rails. Le synopsis détaillé est posé, je n’ai plus qu’à l’écrire.
As-tu d’autres projets ?
Finir ma série des Nécrophiles Anonymes (trois tomes sur six sont écrits). Et un roman Young Adult steampunk, qu’il faut que je corrige tout bientôt… pour l’instant, il est entre les mains de mes bêta-lecteurs chéris !
Entre ça et la suite des Foulards rouges à écrire, ça me fait une année bien chargée !
Vous pouvez retrouver Cécile Duquenne sur son blog ainsi que sur son compte Twitter !