Avec Ikatar de Véronique Roméo, c’est l’autre nouveauté du mois, chez Snark. Ce titre vous interpellera certainement, ne serait-ce que pour ses consonances cyberpunk… et vous auriez raison.
La SF se porte bien, chez Snark. En voici une nouvelle preuve avec le roman d’Éric Nieudan. Exilé en Irlande pour élever des textes, on trouve de tout dans sa basse-cour : littérature et BD, science-fiction et fantasy, jeu de rôles et listes de courses. Il évolue dans le métamultivers de la cybermatrice à bord d’une espèce de blog baptisé Quenouille.com.
Ch3val de Troi3 est l’un de ces derniers travaux. Une ode au genre fétiche de William Gibson… mais qui s’en démarque aussi beaucoup (mais alors BEAUCOUP). Qu’on se le dise, ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de lire un bouquin du genre qui se révèle assez peu négatif…
Worg est hyperconnecté: maître es réseaux, Messie geek pour costards paniqués, il règle tous vos problèmes à distance. Worg est un technomade: libre, sans attache, ou presque. Jusqu'à ce qu'il se penche sur une disparition incongrue et des perturbations de son braincast... et déchaîne les foudres meurtrières d'une corp' trop bien renseignée.
Pourrais-tu commencer par te présenter aux lecteurs qui ne te connaissent pas (encore) et décrire tes multiples casquettes ?
Laisse-moi regarder dans ma malle à casquettes... J'écris de la SF et de la Fantasy depuis une petite dizaine d'années, du jeu de rôles depuis une grosse quinzaine, je traduis quand on me le demande et je sers parfois de consultant aux gens qui ne connaissent pas la culture geek. Il m'arrive aussi d'écrire de la BD et de concevoir des jeux de société.
Sinon j'ai 42 ans et je vis à Dublin, une ville dans laquelle je puise beaucoup d'inspiration.
Comment es-tu arrivé chez Bragelonne ?
Je connais Claire Deslandes depuis longtemps, et je l'ai souvent harcelée avec mes projets et mes manuscrits. Ma persévérance a fini par payer !
Avant d’évoquer ta nouveauté, il nous parait nécessaire de parler des 0ctets de ma vie, déjà disponible chez Brage…
C'est le point de départ de l'univers qui sert de toile de fond à Ch3val de Troi3 (et à toute une série de textes écrits et à écrire - peut-être un de ces quatre chez Snark ?). 0ctets, c'est la première nouvelle que j'aie finie en dix ans, après avoir raté deux ou trois romans. Je l'ai écrite pour un concours, que j'ai gagné. L'idée était simple : comment vit un amnésique dans un monde post-Facebook, quand toute sa vie est à portée de clic ? Le prix m'a motivé à laisser tomber un moment mes tentatives romanesques pour développer ce futur probable.
Comment est née cette deuxième histoire dans ton esprit fertile ?
Elle a germé sur deux terreaux : d'abord, on m'a demandé la suite d'une nouvelle publiée en 2011, Délit 2 faciès. C'est un texte qui relate la rencontre de Worg et d'Océane, les personnages principaux de Troi3. Le deuxième engrais, c'est le mouvement Occupy, qui m'a beaucoup fait réfléchir à l'époque. Worg était le personnage idéal pour explorer l'avenir du cyberactivisme.
Après Yumington 2075 : Le Rêve Oméga de Jeff Balek, Ch3val de Troi3 est la deuxième œuvre au Cyberpunk de cette collection pourtant toute jeune. Penses-tu que l’identité numérique de Snark favorise à nouveau ce type de récit ?
En un sens, oui. Le cyberpunk, ça fait vingt ans qu'on le voit déborder dans notre quotidien. On s'est longtemps moqué de ses aspects démodés, comme la réalité virtuelle et les prothèses cybernétiques, mais regarde autour de nous : à ça aussi, on y arrive. Et quoi de plus cyberpunk que de lire un roman sur son ordinateur de poche, relié par un réseau sans fil à tous ceux de la planète ?
Le roman est loin des clichés du genre. Par exemple, on n’évolue pas dans une mégalopole à la Blade Runner et le ton du livre est bien moins sombre, plus positif, que la majorité des œuvres. Était-ce voulu ?
Oui et non. D'une part, je ne pense pas que le monde aille forcément vers la dystopie. En ouvrant les yeux - en regardant nos flux - on prend tous les problèmes en pleine figure. Mais en cherchant un peu, on découvre aussi des embryons de solutions. Des mégalopoles glauques, il y en aura, c'est inévitable. On en a déjà plein. Mais j'ai pris le parti de faire démarrer le roman en Irlande... ça ce serait vu si j'avais transformé Tipperary en Mega City.
C’est là qu’intervient la traditionnelle question portant sur tes influences, tes auteurs favoris…
Question traditionnelle à laquelle je suis toujours incapable de répondre... Mais pour ce genre de texte, je pense qu'on peut citer la trinité du cyberpunk : Gibson, Sterling et Williams, et plus récemment Cory Doctorow, Paolo Bacigalupi et Richard Morgan. Entre autres.
Autre question rituelle : comment résumerais-tu cette œuvre… en seulement trois mots.
Facile : une histoire d'amour.
Quels sont tes projets, de manière générale ?
J'en ai trop. Je termine un mini jeu de rôles expérimental, hommage à la toute première version de Dungeons & Dragons, je réfléchis à un roman de dark fantasy qui emprunterait autant à Lovecraft qu'à Leiber, et puis il y a la sortie de mon premier roman, L'archipel des Nuées, qu'on prépare avec Le Grimoire pour cette année.
Et aussi, j'écris une histoire qui s'inscrit dans la continuité de Troi3 et qui suit k4in/Catherine dans un univers virtuel.
Ch3val de Troi3 ISBN papier : 9791028102098 / 14,90€ ISBN numérique : 9782820515711 / 4,99 € 120 pages
Vous pouvez retrouver Éric Nieudan sur son compte Twitter @surcapitaine ainsi que sur son site web, Quenouille.com !