On va conclure cette semaine dédiée au roman de Ken Scholes par une interview en deux parties de ce dernier, si vous le voulez bien…Ken Scholes est un chic type. Nous avons eu l’occasion de correspondre assez régulièrement avec lui ces derniers temps, ne serait-ce que pour parler de la VF de son premier né. Très vite, il a manifesté l’envie d’être aussi présent que possible pour assurer la promotion de Lamentation. Une telle proposition ne se refuse pas, surtout quand elle est enrobée de gentillesse.
D’où cette interview.
Dans cette première partie, nous allons faire connaissance avec Ken et apprendre quel est son parcours. Il nous dira aussi quelle est sa vision de la Fantasy moderne. On parlera du contenu du livre dès demain. Bonne lecture !
Vous avez un parcours assez atypique, pour un jeune écrivain. Pourriez-vous nous le résumer ?
J’ai eu une vie plutôt intéressante, si je puis dire. J’ai grandi dans une famille à problèmes, avec une mère atteinte de troubles mentaux et tout le désordre que ça entraîne. Du coup, je m’évadais dans l’imaginaire – d’abord grâce à la télé, et plus tard avec les livres. Très jeune, j’ai su que je voulais devenir romancier. Dès le lycée, j’envoyais mes écrits à des maisons d’édition. Puis, pendant un temps, je suis devenu très religieux et j’ai abandonné cette voie pour suivre celle d’un pasteur avant de passer un an dans la Marine et deux ans dans l’armée. J’ai servi à Stuttgart, en Allemagne, avant de rentrer à la maison. Je suis devenu pasteur baptiste très jeune. En 1994, je me suis doucement éloigné de ma vie religieuse pour obtenir mon diplôme d’Histoire, à l’université de Washington Ouest. Quelques années plus tard, je me remis à l’écriture et recommençai à envoyer mes récits. Les expériences que j’ai vécues pendant ces dix années où je n’ai pas écrit ont construit l’auteur que je suis à présent.
Êtes-vous maintenant un auteur à plein temps ? Qu’est ce qui a changé depuis que vous avez été publié ?
Hélas, je ne vis pas encore de ma plume et travaille aussi à côté. Mais quoi qu’il en soit, écrire après avoir signé un contrat est tout à fait différent d’écrire en espérant être pris. Quand j’ai écrit Lamentation, je n’avais rien signé et d’une certaine manière, les enjeux me semblaient moins importants. En revanche, le sentiment de sécurité qui accompagne un contrat pour toute la série m’aide beaucoup à écrire les autres livres. Depuis, de nombreux événements ont bouleversé ma vie : la mort de ma mère pendant l’écriture du Canticle, celle de mon père au milieu de Antiphon, mais aussi la naissance de mes deux filles vers la fin du même roman. C'est déjà pas mal.
Comment voyez-vous le paysage littéraire actuel de la Fantasy, vous qui faites partie d’une nouvelle génération d’auteurs remarqués pour leurs idées et les ambiances qu’ils instaurent ?
On parle de cette époque comme celle de l’Âge d’Or de la Fantasy… et je suis assez d’accord. Il y a une foule de nouveaux auteurs apportant avec eux une grande variété de styles et de personnalités dans leur travail. Personnellement, je suis conscient d’aborder ce milieu en étant influencé par la vieille école des grands maîtres de la SF et de la Fantasy, mais aussi par le cinéma, la télévision, les comics et les jeux vidéo avec lesquels j’ai grandi. À mon avis, c’est aussi le cas pour nombre d’auteurs de ma génération qui voient leurs histoires publiées en ce moment.
Quels sont vos livres préférés ? Et vos dernières lectures ?
Bilbo, le Hobbit, de J.R.R. Tolkien et Almuric de Robert E. Howard. Mais je lis aussi d’autres choses et pas seulement de la Fantasy ou de la Science-Fiction. En ce moment, je suis dans Et l'homme créa les dieux : Comment expliquer la religion de Pascal Boyer. J’aime aussi beaucoup la poésie.
Est-ce que Lamentation délivre un message en particulier ?
À mon avis, le message serait : la vie est faite de changement et le malheur, aussi douloureux qu’il puisse être, peut apporter maturité et connaissance. Attention, à l’époque où j’ai écrit Lamentation, je n’avais pas conscience de cette lecture, et je pense aussi que le livre peut délivrer un message différent en fonction des gens. Certains parlent de la découverte du pouvoir ou encore du contrôle de l’information.
Rendez-vous demain pour la seconde partie de l'interview !