Le papa de Carbone modifié et Black Man sera prochainement de retour chez Bragelonne. Mais cette fois, c’est pour délaisser pendant un temps la SF...
Celui qui avait donné un énorme coup de poing à la science-fiction avec un Takeshi Kovacs survitaminé compte bien laisser aussi son emprunte à la Fantasy moderne. Morgan a écrit en 2008 The Steel remains (ce qu’on pourrait traduire grossièrement par L’Acier demeure), le premier volume d’une trilogie très musclée : Land Fit for Heroes. Le bouquin a fait sensation en Angleterre, et pas uniquement parce que l’auteur faisait une infidélité au genre qui l’a fait connaître.
Le bouquin dispose en effet de plusieurs petites particularités assez originales, qui le démarquent énormément de la masse de romans d’Heroïc Fantasy. D’abord, la noirceur ambiante qui parsème l’œuvre. L’auteur a résolument voulu écrire quelque chose de très dark, et bon nombre de ses personnages principaux… se haïssent profondément. Pour vous immerger un peu dans l’esprit du bouquin, on a demandé à Richard Morgan himself de vous en parler. Ca donne ça :
Si vous deviez – si vous étiez réellement obligé – de tuer quelqu’un, vous préféreriez utiliser un flingue ou une hache ?
C’est bien ce que je pensais.
Alors, soyez les bienvenues dans le monde violent de Ringil Eskiath. Un héros redouté et complètement allumé de Gallows Gap, un guerrier aristocrate en pré-retraite quelque peu fatigué par la vie. Cela faisait un bout de temps que je parlais d’écrire de la Fantasy très noire, et on peut dire que je me suis enfin jeté à l’eau avec ce bouquin. The Steel remains vous plonge dans un univers de Fantasy dans lequel vous n’aimeriez pas passer votre quotidien. Mais y passer quelques heures de lecture, ça par contre, vous voulez certainement essayer…
L’une des autres petites spécificités du bouquin – celle qui a fait le plus de bruit, à vrai dire – c’est que son personnage principal, Ringil, est gay. Ben ouais, on ne peut pas dire que ça soit fréquent en matière de Fantasy! Le bonhomme est issu d’une famille aristo un peu étouffante et quelque peu conservatrice. Il a fui pour s’en libérer et assumer pleinement sa sexualité là où il pourra vivre librement. C'est-à-dire dans des coins assez peu reluisants du monde. Et là, on revient à la noirceur du livre...
On a demandé à notre ami Cédric Perdereau, traducteur attitré de Morgan, entre autres, de nous donner son impression sur le bouquin, pour un avis plus personnel sur la chose. Alors voici comment il nous présente le livre :
The Steel Remains est à la Fantasy ce que Gladiator a été au péplum. Bien sûr, on y parle de la même chose. Simplement, on a pensé à y rajouter la sueur, le sang et les larmes. Richard Morgan nous construit ici un monde Fantasy glauque, un monde qui a vécu sa part de guerres et de drames. Il piétine les clichés pour installer de nouveaux archétypes résolument modernes. Au milieu de cours impériales, de halles aux esclaves et de sociétés bourgeoises toutes plus violentes et perverses les unes que les autres, comment Ringil Eskiath peut-il sembler si amoral ? Mais personne ne construit un personnage autour d'un trauma - ou quinze - comme Morgan.
Alléchant, n’est-ce pas ?
A défaut d'une hache, armez-vous maintenant de patience, car le bouquin n’est prévu que pour l’an prochain. Entre temps, pour les plus pressés d’entre vous, l’auteur aura peut-être publié le tome 2 en VO : The Cold Commands. Et rendez-vous en 2010 chez nous!