Comme annoncé hier, voici un nouvel article de Tom Clegg. Cette fois, l’homme qui murmure à l’oreille des fans de SF vous parle de Greg Bear et de son tout dernier roman en date, que Bragelonne SF a l’honneur de publier.

 

Illustration vachement belle de Noëmie Chevalier

Greg Bear, un des maîtres incontestables de la SF contemporaine, a toujours su mettre la rigueur scientifique au service d’une imagination débridée, avec des chefs-d’œuvre comme La Musique du sang, L’Envol de Mars, ou L’Échelle de Darwin. Ce qui lui a valu deux prix Hugo et cinq prix Nebula au long de sa carrière.

Avec La Cité à la fin des temps, Bear nous propose un roman d’une ambition presque démesurée – même pour un auteur de son talent –, à la fois épique cosmologique et thriller fantastique. C’est aussi en fait un conte de trois cités…

L’une d’elles est la Kalpa, dernière redoute des descendants de l’humanité dans un avenir très, très lointain, où l’univers vit ses heures finales, dévoré par une force malveillante du Chaos : le Typhon. Les générateurs de réalité qui ont jusqu’ici défendu la cité sont en train de céder et des « intrusions » destructrices présagent sa chute imminente. Mais le Bibliothécaire, grand savant qui a repoussé des assauts précédents du Typhon, a gardé un dernier atout. Ses serviteurs préparent un groupe de « créatures », des êtres pseudo-humains fabriqués artificiellement à partir de la matière primordiale, pour une expédition périlleuse à travers le Chaos jusqu’à la cité perdue de Naharaja, où on espère trouver un moyen de contrer l’ennemi.

La troisième cité est la ville de Seattle, dans un futur proche. Là-bas, trois jeunes gens – Ginny, Jack et Daniel – sont liés à leur insu par un secret : ils sont tous des Changeurs de destin, nés avec le don de sauter entre les lignes-mondes, qu’ils utilisent pour améliorer leur sort en prenant la place d’autres versions d’eux-mêmes. Chacun d’eux est également en possession d’un mystérieux artefact, une pierre tordue appelée « messager » qui demeure inchangée pendant leurs pérégrinations. Mais ces pouvoirs et objets attirent l’attention d’autres entités, des chasseurs implacables sous les ordres d’une terrifiante maîtresse : la Princesse de Craie.

C’est par les rêves que ces mondes entreront en contact. Jack et Ginny subissent un état de transe où ils échangent leurs corps avec ceux de deux jeunes créatures de la Kalpa, le guerrier Jebrassy et l’intrépide Tiadba. D’abord déroutés par ces épisodes, ils vont apprendre à communiquer avec leurs homologues et à s’entraider. Quant à Daniel, il ne rêve que des ténèbres sans fin et semble faire bande à part, avant de révéler sa vraie nature. Tout se joue sur le fil du rasoir car, dans le présent, les agents de la Princesse de Craie sont aux trousses de leurs proies dans les rues de Seattle. Et, dans le futur, le Typhon s’acharne pour parachever son œuvre dévastatrice. Les lois de la physique sont en train de s’effondrer et les effets commencent déjà à remonter le temps. Même en unissant leurs forces, ces jeunes protagonistes ont-ils suffisamment d’audace et d’intelligence pour sauver tout un univers ?

Complexe et mystérieux, La Cité à la fin des temps est un roman visionnaire à savourer lentement. Si les scènes à Seattle permettent de garder un pied sur terre ferme, les paysages de la Kalpa et le Chaos qui l’entoure sont tout à fait insolites et l’échelle temporelle adoptée par Greg Bear donne parfois des vertiges. Il y a nombreuses énigmes à résoudre et les pièces du puzzle se mettent en place peu à peu. Les allusions scientifiques, mythologiques et littéraires – la bibliophilie et les mots écrits jouent un rôle central dans l’intrigue – font aussi partie de ce festin. Mais les lecteurs patients et attentifs qui suivront Jack, Ginny, Daniel, Tiadba et Jebrassy jusqu’au bout de leur quête seront richement récompensés.

Car il s’agit d’un des récits de science-fiction les plus originaux et les plus exaltants à paraître ces dernières années...

 


Le roman est disponible depuis le 18 mars dans son édition traditionnelle, et en version numérique depuis hier !

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