Ca y est, l’édition intégrale d’Oraisons est dans les bacs. On vous a déjà dit tout le bien qu’on pensait de cette épatante histoire de Fantasy dans un précédent billet (cliquez ici). Par contre, il nous semble qu’on ne vous en a pas dit assez sur son auteure. Pour corriger ce tir, on vous propose aujourd’hui une interview très complète de Samantha.
Après lecture de ce qui suit, vous en saurez plus sur le parcours de cette jeune auteure et sur l’univers ambitieux qu’elle a créé. Vous apprendrez aussi dans quelles circonstances nous avons été amenés à publier cet ouvrage et, enfin, vous aurez droit à quelques informations sur les autres projets que Samantha et Bragelonne (ou Milady) ont en commun.
Bonne lecture !* * * * *
Pour commencer simplement, pourrais-tu te présenter aux lecteurs de Bragelonne qui ne te connaîtraient pas déjà ?
Tout d’abord, commençons par les politesses : bonjour. En quelques mots, Samantha Bailly, 24 ans, un Master de Lettres et d’Édition en poche et quatre parutions à mon actif dans des genres assez variés (Fantasy, littérature sentimentale, conte pour enfants inspiré du Japon). Après avoir travaillé dans le jeu vidéo, j’ai la chance de me consacrer à l’écriture. Voilà pour le CV. De façon plus spontanée et viscérale, en une phrase : l’aiguille de ma boussole intérieure a toujours pointé sur le verbe “écrire”.
Et pourquoi avoir choisir d’écrire de la Fantasy ?
Je ne me suis jamais réveillée en me disant « Tiens, maintenant, tu vas écrire de la Fantasy ». :) Une histoire vient – sous forme d’idée, d’images, d’alchimie entre plusieurs éléments – et je l’écris. Qu’elle se passe dans notre univers ou un autre importe peu.
Peux-tu nous en dire ce que cette œuvre représente pour toi ? Et qu’est-ce que cela te fait de la voir rééditée ?
Ce roman est né par le plus grand des hasards, lors de mon année de terminale – en 2005/2006, donc. Lorsque le professeur de philosophie a prononcé le mot « oraison » pendant un cours, j’y ai trouvé une réelle beauté et une très grande charge symbolique. J’ai su que je devais écrire quelque chose qui tournerait autour de ce mot. J’ai donc rédigé le diptyque originalement intitulé Au-delà de l’oraison. C’était mon premier projet aussi abouti. En arrivant en première année de Licence de Lettres, je me suis dit : « OK, tu as une seule intuition : l’écriture. Suis-la jusqu’au bout, tout en composant avec le réel. Fais tes études, garde un filet de sécurité, mais n’oublie jamais ta priorité. Essaye de faire publier quelque chose pendant ton cursus. » Et c’est ce qui est arrivé. Oraisons a été accepté par les éditions Mille Saisons, un micro-éditeur. C’est donc mon premier roman, mon premier pas dans l’édition, mes premiers salons, mon premier lien avec – incroyable – des personnes en chair et en os qui découvraient mes compagnons de papier. Qu’il soit réédité, et en plus chez un éditeur aussi important que Bragelonne, est ce qui pouvait arriver de mieux. J’ai encore du mal à réaliser. :)
Dans Oraisons, tu développes des personnages féminins forts, obligés de remettre en question tout ce en quoi elles ont cru jusque là. Souhaitais-tu faire passer un message par leur intermédiaire ?
J’ai essayé de faire ressentir au lecteur la violente évolution des personnages, de l’inconscience à la désillusion. Les héroïnes, qui vivent dans un cocon, une cage dorée, voient leur quotidien ébranlé par un événement tragique. Ce choc déclenche forcément un processus difficile, fait exploser des frontières morales. Il ne s’agit pas d’un message, c’est juste l’observation des réactions opposées de deux sœurs. L’une cherche à apaiser sa souffrance par la vengeance, l’autre intellectualise la perte en la reliant à un conflit à plus grande échelle.
La magie et la mort sont au centre de cette œuvre. Cérémonies d’oraison, magie de la chuchoteuse, animisme… où es-tu allée chercher tout cela ? Et pourquoi ?
Je suis simplement intéressée par les liens qui unissent pouvoir et religion : l’articulation entre l’aspect purement spirituel de la mort et l’exploitation de celle-ci à des fins commerciales. La religion, comme l’indique son nom (religion/relier), est censée être ce qui relie les Hommes entre eux. Or force est d’admettre qu’en l’occurrence, les convictions sont le plus souvent source de conflits, de souffrance et de division ! Le besoin de croire est un moteur de l’âme humaine, il paraît alors évident que quel que soit le dogme, des instances puissantes vont chercher à s’en servir pour manipuler, diriger, arriver à leurs fins. C’est ce rapport paradoxal qui m’a donné l’envie de construire une histoire imaginaire autour de cette magie des étoiles.
Le 19 avril sortira ton dernier livre. Changement de cadre, ici, puisqu’il paraîtra dans la collection Romance de Milady. Peux-tu nous présenter Ce qui nous lie ?
Ce qui nous lie est un roman qui cristallise de nombreuses images et réflexions sur la thématique des relations, de la dépendance affective, de la vérité et du mensonge, du traumatisme et de la guérison. L’héroïne, Alice, a un don. Elle a la capacité de voir les liens se tisser et se rompre entre les individus. Les attaches lui apparaissent sous forme de fils lumineux, déployant une cartographie des relations affectives. Les questions restent entières quant à l’origine de ce phénomène. Manifestation surnaturelle ? Hallucination provenant d'un choc psychologique ? Sans réponse médicale, la jeune femme a appris à vivre avec dans le plus grand secret. Durant plus d’un an, Alice s’est servie de son pouvoir dans une optique de vengeance : dénoncer les hommes ayant des relations multiples. Elle décide finalement de briser ce schéma et de sortir de ce besoin maladif de vérité. Le roman commence lorsqu’elle reprend une vie plus balisée et normée, en démarrant un nouveau travail comme chargée de Ressources Humaines. C’est alors qu’elle rencontre Raphaël, son manager. Un homme dont elle ne peut voir les liens. L’exception à la règle. Le roman dessine deux temporalités : le passé d’Alice, la découverte de son don, ce qui l’a conduit à devenir une chasseuse de trompeurs, ainsi que le présent, où elle est face au seul être humain pour lequel elle n’a pas de carte.
Quels sont tes autres projets ?
Plusieurs, oui. Tout d’abord, un thriller Young Adult intitulé Pile ou Face à paraître chez Rageot. Une trilogie de Fantasy jeunesse, Souvenirs Perdus, à paraître en 2014 aux éditions Syros. Et sinon, Métamorphoses, un roman de Fantasy se déroulant dans le même univers qu’Oraisons, totalement indépendant mais qui apportera encore quelques twists narratifs... il sortira cette année chez Bragelonne.
Question rituelle, pour conclure : pourrais-tu résumer Oraisons en trois mots ?
Dur dur ! Deux sœurs en quête de vérité. Ça fait plus que trois, mais ça va ?
Oui, va pour cette fois. :p