Le journal Le Monde, qui avait l'année dernière encensé le premier volume des Salauds Gentilshommes de Scott Lynch, persiste et signe avec la chronique des Horizons Rouge Sang, paru le 20 février dernier.
La série des Salauds Gentilshommes est devenue en un an une référence en matière de littérature de l'imaginaire. Depuis la sortie du premier tome en février 2007, les echos positifs se multiplient, que ce soit de la part de lecteurs de tous horizons, de libraires, de journalistes... Le second tome était très attendu, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il répond largement aux espérances de tous les fans, voire les surpasse de loin! Ci-dessous, la critique parue dans Le Monde du vendredi 25 avril. On ne doute pas que cela donnera envie à ceux qui ne connaissent pas encore l'univers de Locke Lamora et de son ami Jean Tannen de s'y mettre au plus vite!
Les Mensonges de Locke Lamora, premier livre du cycle des "Salauds gentilshommes", avait révélé en 2007 le talent d'un nouvel auteur de fantasy, Scott Lynch, capable à la fois de créer un monde imaginaire - en l'occurrence, une cité, Camorr -, d'animer sa tentaculaire cour des miracles et de concevoir une intrigue retorse et machiavélique. Avec Des horizons rouge sang, livre deuxième du cycle, il réussit le tour de force de se renouveler, tout en faisant preuve de la même virtuosité dans l'agencement des péripéties et dans la science des coups de théâtre. Le lecteur y retrouve les deux survivants du premier volume, Locke Lamora et Jean Tannen, quelque temps après leur départ précipité de Camorr à bord d'un galion, dans une autre cité, Tal Verrar.
Ils sont bien décidés à exercer leurs talents de cambrioleurs sur la cible la plus tentante : l'Aiguille du péché, la maison de jeu la plus huppée de Tal Verrar, qui appartient à un forban redoutable surnommé le Requin. Mais alors qu'ils peaufinent leurs plans, ils deviennent contre leur gré des pions de la lutte d'influence que Stragos, gouverneur militaire de la cité, livre à l'autorité civile, le Priori. Ils sont envoyés, après une petite période de formation maritime, en mission chez les pirates de la mer de Cuivre. Le roman passe dès lors d'une histoire de casse que ne désavouerait pas Maurice Leblanc à l'atmosphère des grands classiques de Robert Louis Stevenson. Locke Lamora et Jean Tannen intègrent la société haute en couleur de ces frères de la Côte, à bord de l'Orchidée-poison, navire de la capitaine Zamira Drakasha. Ils finiront par revenir à Val Terrar régler leurs comptes. En bon feuilletonniste, Scott Lynch préserve quelques astucieux ressorts dramatiques qui appellent un tome suivant...
Des horizons rouge sang, de Scott Lynch
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Olivier Debernard
Bragelonne. 642 p., 25 €.
Jacques Baudou
Article paru dans l'édition du 25.04.08.