Sorti la semaine dernière en librairie, Le Lion du Caire est un petit bijou. Entre roman historique et Fantasy épique, le livre de Scott Oden s’est fait une place dans notre catalogue par l’intermédiaire de Patrice Louinet, le directeur de notre collection dédiée à Robert E. Howard, qui a également traduit cet ouvrage.
On se propose aujourd’hui de vous livrer les réponses de cet auteur à l’interview qu’il a bien voulu nous accorder.
Comment est né Le Lion du Caire ?
Tout est parti d’une discussion que j’ai eue avec mon éditeur, Peter Wolverton. Il s’est demandé ce qu’auraient donné les assassins d’Alamut si Robert E. Howard avait narré leurs aventures. C’est devenu le fil conducteur du livre : qu’aurait fait R.E.H. ?
Au début, j’ai esquissé un contexte antérieur au XIIe siècle, mais comme l’une de mes histoires d’Howard favorites est Les Portes de l’Empire, j’ai décidé de m’essayer à une version suffisamment sombre et fantastique d’un Caire au milieu du XIIe siècle. C’est l’époque d’Almaric de Jérusalem, d’Asad al-Dîn Shîrkûh de Damas et du jeune Yûsuf ibn Ayyūb, qui marquera l’Histoire sous le nom de Saladin.
Ce livre est un hommage à Robert Howard sur quels points ?
Howard est certainement l’influence majeure dans ma vie et mon travail. Je tente sciemment d’explorer les mêmes thèmes que lui. J’essaie même de cadencer ma prose à l’image de la sienne. Il avait un style très direct, mais qui parvenait à véhiculer une certaine poésie d’une manière que peu d’auteurs ont réussi à reproduire (moi compris).
Dans Le Lion du Caire, j’ai poussé encore un peu plus loin la notion d’hommage en incluant des éléments provenant du Caire de Howard lui-même. J’ai utilisé les mêmes sources que lui pour glaner certains détails, plus particulièrement Harold Lamb et Stanley Lane-Poole. J’ai fait allusion à des personnages tirés d’autres histoires d’Howard, comme Ahmed l’Infirme des Faucons sur l’Égypte, ou donné le nom de La Route des Aigles à un passage pas si secret que ça permettant d’entrer dans Le Caire.
L’un de mes personnages principaux, l’aventurier kurde Shirkuh, ressemble énormément à celui des Portes de l’Empire de Howard. Mon avis est que si je peux pousser un lecteur sans méfiance à lire du Howard, j’aurais payé ma dette.
Vous vous êtes beaucoup documenté pour écrire Le Lion du Caire. Prétendriez-vous que le cadre et les évènements (non surnaturels) décrits dans le livre sont fidèles au XIIe siècle historique ?
Oui, en grande partie. J’ai un peu brodé pour changer des noms, fusionner plusieurs personnages en un, et modifier l’origine de certains évènements, mais dans l’ensemble, le plus gros de l’Histoire est respecté : un calife fatimide faible se retrouve avec un vizir manipulateur qui utilise l’immense richesse de l’Égypte pour monter ses ennemis les uns contre les autres. Les manigances politiques qui permirent à Saladin de prendre le contrôle de l’Égypte et de rompre avec Damas.
Votre vision du Caire est celle d’une ville flamboyante, tout droit sortie des Mille et Une Nuits. Aviez-vous l’intention de donner une telle personnalité à la ville ?
C’était le but ! Je suis content que les lecteurs l’aient remarqué. J’ai potassé des guides d’Histoire médiévale et touristiques sur la Victorieuse (autre nom du Caire, ndlr), ainsi qu’un traité architectural de construction propre au Caire. J’ai essayé de l’imaginer à cette époque. J’ai utilisé des couleurs et des textures piochées dans les romans d’Amélia Edwards et d’Harold Lamb, et dans la traduction par Boradhurst des Voyages d’Ibn Jubayr.
Pour le côté historique, j’ai surtout travaillé avec L’Histoire de l’Égypte au Moyen Âge et, pour la technologie militaire de l’époque, avec le God’s Warriors de Nicholson et Nicolle, chez Osprey, un éditeur de petits livres très complets sur toutes les armées possibles et imaginables. Une référence absolue chez les wargameurs et les amateurs de figurines. Ça m’a été d’une grande aide. J’ai rajouté aussi une bonne dose d’iconographie égyptienne au mélange. Il y avait deux résultats possibles, soit la ville prendrait vie, soit elle ne serait qu’un amas de données mal agencées.
Heureusement pour moi, c’est le premier cas de figure qui s’est imposé.
Si vous deviez décrire votre roman en trois mots ?
Médiéval. Fantastique. Historique.
J’aime emprunter les tropes du médiéval-fantastique (la magie noire, les héros surpuissants, le réalisme sombre pour en citer quelques-uns) et les injecter dans notre passé historique. Il faut modifier certaines choses, mais quand ça fonctionne, ça donne vraiment un résultat magique.