Il y a quelques semaines, nous vous présentions dans cette actualité « spéciale Pevel » qui concernait la prochaine publication anglaise des Lames du Cardinal. Journaliste et critique littéraire de son état, Sandy Auden a été la première à parler de l’événement dans son pays…

A l'occasion de la publication de cette actu, nous nous sommes dit qu’il serait intéressant d’interviewer la miss et d’avoir son point de vue sur le paysage littéraire de l’imaginaire britannique. Sandy a gentiment accepté de se prêter au jeu, et vous en trouverez le résultat ci-dessous.

Dans ce petit échange, la journaliste nous parle donc de son métier et du marché anglais de la Fantasy et de la SF. Pour peu que ces questions vous intéressent, vous devriez apprécier le point de vue d'une spécialiste d'Outre-Manche. D’autant qu’à la fin, elle nous parle également du livre de Pierre Pevel. Wink

Merci mille fois à Sandy Auden pour le temps qu’elle nous a accordé, et excellente lecture à vous.



Sandy Auden, Mark Chadbourn et Gary Greenwood (Fantasycon 2002)
Sandy Auden, Mark Chadbourn et Gary Greenwood (Fantasycon 2002)

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Starburst Magazine n°365Hello ! Je m’appelle Sandy Auden et je suis journaliste au Royaume-Uni. J’écris des critiques, des interviews et des articles sur les livres et sur divers autres médias du monde de la SF, de la Fantasy et de l’horreur. Ma passion pour les romans remonte à ma petite enfance, et je serai éternellement reconnaissante à mère de m’avoir laissé lire « ces comics-trucs ridicules » quand j'étais toute petite, et à mon père de m’avoir interessée aux phénomènes paranormaux, comme l’expérience de Philadelphie ou encore les enlèvements dus aux extraterrestres. Ma carrière de journaliste a commencé en 1988 avec une colonne sur l’auteur Mark Chadbourn. Ma centième colonne est parue le mois dernier dans Starburst Magazine. Depuis, j’ai rejoint l’équipe de SFX en tant que chroniqueuse freelance et rédactrice occasionnelle. J’écris aujourd’hui régulièrement pour ces deux magazines, ainsi que pour SFSite.com et Interzone magazine.

 

Depuis combien de temps exercez-vous la profession de journaliste critique ? Qu'est-ce que cela représente pour vous et quelles formes prend votre travail ?
Cela fait maintenant dix ans que j’écris et j’apprécie tous les aspects de ce travail. En un mois je chronique un ou deux livres; je réalise environ quatre interviews d’auteurs à propos du manuscrit qu'ils ont envoyé ou du contrat qu'ils viennent de signer; et j'effectue le même nombre d'entretiens avec des auteurs, éditeurs, réalisateurs ou producteurs sur tel ou tel film ou roman récent. Ces interviews nécessitent un gros travail de recherches en amont, car il est important d’avoir de solides connaissances sur l’interviewé et sur son travail. C’est certainement ce qui me demande le plus de temps, car une fois mise sur pied, l’entrevue en elle-même se déroule généralement assez facilement.
Dit comme cela, ça ne parait pas énorme, mais il faut savoir que je fais tout ça pendant mon temps libre. J’ai également un travail à plein temps dans la technologie de l’information bancaire et je participe à deux associations : un club de fans de science-fiction à venir et une association caritative nommée Tibetan Education and Relief Association to support dont je suis la secrétaire. J’ai également un merveilleux partenaire pour partager ma vie et mes critiques.

 

Pourriez-vous nous décrire le marché actuel de la Fantasy et de la SF au Royaume-Uni ?
Nous disposons d’un panel vaste et élaboré en matière de Fantasy et de SF, et l’horreur commence à faire son come-back après avoir été plus ou moins ignorée pendant vingt ans. Chaque éditeur y apporte sa touche personnelle, des futurs sombres et apocalyptiques aux aventures spatiales en passant par les quêtes fantastiques, le tout avec beaucoup d’imagination. Il y en a pour tous les goûts. 

Les petits éditeurs apportent également une réelle richesse au genre. Cela permet en outre à bon nombre d’auteurs de se faire publier pour la première fois, et sous plusieurs types de format, bien plus que chez des éditeurs généralistes. J’adore les nouvelles et ce milieu est une excellente source de qualité de recueils et d'anthologies. Les acteurs principaux de ce petit monde font un travail remarquable. Sans eux, le monde serait justement encore plus petit…

 

Photo de Sandy Auden prise par Stéphane Marsan.
Photo de Sandy Auden prise par Stéphane Marsan

Qu’est ce qui vous fait frissonner en tant que lectrice ? Y a-t-il quelque chose que vous rechercherz particulièrement ?
J’ai des goûts diversifiés et j’aime tout essayer au moins une fois. Je lis de la Fantasy, de la SF, de l’horreur, des livres humoristiques, jeunesse et des BD. Et bien que j’aie une liste (alarmante) d'auteurs dont j'aime suivre toutes les parutions, je suis sans cesse en quête de nouveaux livres.
Concernant mes attentes, je recherche des choses qui avancent vite, sans excès de détails ou de pertes de temps. J’aime les personnages plus réalistes que stéréotypés et j’apprecie beaucoup les proses fluides. Il y a des rythmes d’écriture que je trouve fascinants sans pouvoir l’expliquer scientifiquement. C’est instinctif, vous savez que vous tenez quelque chose au moment où vous le lisez et que cela fait écho à vos attentes. J’ai lu la première page de centaines d’ouvrages en quête de ce rythme et jai eu la chance de le découvrir chez bon nombre d’excellents auteurs.

 

Qu’en est-il des Lames du Cardinal de Pierre Pevel ? Comment ce projet a-t-il attiré votre attention?
Certaines personnes aiment lire des livres qui se ressemblent les uns les autres, mais pas moi. J’aime lire des choses qui sortent des sentiers battus. Ce que j’ai découvert en lisant les livres du Russe Sergei Lukyanenko ou du Serbe Zoran Zivkovic, c’est qu’ils apportent un background culturel à leurs histoires que je ne connais absolument pas. Il est rafraichissant de voir une subtile différence d’interprétation des genres que j’aime, d'expérimenter tous les jours des choses inattendues et de rencontrer des personnages qui pensent d’une manière différente.
Il y a aussi le fait que les éditeurs doivent penser beaucoup de bien d’une histoire pour décider de payer une traduction, surtout dans le contexte actuel : il y a donc de grandes chances que le livre en vaille vraiment la peine.
Je rajouterais que l'histoire des Lames du Cardinal se passe dans la France des Mousquetaires, et qui peut rêver d'un décor et d'une époque plus passionnantes ? Ajoutez-y quelques dragons et vous avez une toile de fond plutôt intrigante !
Et comme si cela ne suffisait pas, je sais aussi à quel point les gens de Bragelonne sont des passionnés d’histoires. Ils ont traduit plusieurs excellents auteurs britanniques, alors quand j’ai entendu dire que Les Lames du Cardinal allait subir le procédé inverse, je n’ai pas pu résister et j’ai mené mon enquête. Et je suis très impatiente de voir le résultat !

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