Après avoir goûté à la prose de la douce Marie, c’est au vaillant Bertrand de Belgique de donner son avis sur le roman phare du mois de juin.

Maintenant que vous savez à peu près à quoi vous attendre grâce à la présentation et aux commentaires de la Marie, c’est au Bertrand de nous faire part de son du sien. Car comme elle, il a gagné le droit de lire en exclusivité le livre de Giles Carwyn et Todd Fahnestock. (Voir cette précédente actualité.)

La critique de Bertrand étant très complète, je me tais et lui laisse le contrôle…



Bingo ! Un message du facteur dans ma boîte aux lettres et quelques heures plus tard mes doigts grassouillets palpent le premier tome d'une trilogie qui, au vu du quatrième de couverture, s'annonce épique.
Le bouquin est écrit à quatre mains par deux illustres inconnus (inconnus par moi en tout cas) sur lesquels je me suis empressé de faire une recherche. Nada, de la bleusaille visiblement. Tant mieux, je partirai sans aucun a priori.
Au bout de quelques pages le ton est donné. L'univers est très vite posé et oscille entre l'antique et le moyenâgeux tout en fleurant bon l'Orient. Il est décrit dans les (très) grandes lignes et on sent bien que les personnages et l'intrigue se taillent la part du lion. Ohndarien : une ville gigantesque entourée de murailles imprenables et dirigée par un Conseil dont la succession est héréditaire mais conditionnée par le passage d'une épreuve terrible. Ohndarien, ses voisins hostiles mais toujours repoussés, son multi-culturalisme, sa prospérité mais surtout son pouvoir déstabilisé.
Le roman mêle avec un certain brio complots politiques, romance, mysticisme, aventure avec quand même un peu d'action pour les warriors que vous êtes. Ce côté "à boire et à manger" m'a paru très plaisant parce que le récit est plus complexe qu'il n'y paraît et que le lecteur se laisse régulièrement désarçonner (en douceur) au fil de la lecture.

Mais comment les auteurs font-ils pour développer un roman avec autant de facettes mais au final parfaitement digeste ? Réponse : l'histoire. La mécanique du scénario est très bien maîtrisée, avec rebondissements et révélations qui tombent toujours à point nommé et vous amènent à lancer le fameux "allez, encore un chapitre" plutôt deux fois qu'une.
Je mentionnerais également la couche de mystère et de mysticisme qui recouvre l'ensemble. Disparition d'anciens membres du Conseil, un enfant qui ne se réveille pas... Je n'en dirai pas plus mais c'est de mon point de vue un excellent ressort dramatique utilisé avec ce qu'il faut de parcimonie et tire le roman vers le haut.
Si le pitch est complexe et multi-dimensionnel, l'écriture est en revanche très, très fluide. Un style simple et efficace – où les dialogues sont légions – qui sert une intrigue palpitante sans être retorse. En fait c'est de la High Fantasy écrite comme un thriller, même si la comparaison se limite essentiellement au style. On sent les auteurs décomplexés et laissant de côté tous les artifices inutiles, et ça j'aime. 
Des regrets ? Pas de gros, mais des remarques, plutôt. Tout d'abord sur le plan esthétique L'Héritier de l'Automne a la coquetterie qu'on trouve souvent dans la Fantasy ‘ricaine. Les personnages principaux donnent l'impression d'être tous des êtres d'exception en puissance : cheveux au vent, pectoraux bien dessinés et seins fermes qui pointent vers les cieux. Rien de réellement pénible mais de ce côté-ci de l'Atlantique ça peut faire sourire.

Ensuite j'avoue que je continue de m'interroger sur la pertinence de saupoudrer l'histoire de sexe. Rassurez-vous ça n'a pas choqué le gaillard que je suis mais je n'ai pas trouvé que ça bonifiait toujours le récit. La sensualité de certaines pages développe et prolonge bien le thème de la romance, qui tient une place relativement importante. Par-contre dans d'autres cas on a un peu le sentiment que cela est un peu gratuit. Alors, facteur distinctif ? Argument marketing ? Lecteur prude ou insensible ? Faîtes-vous votre propre avis !
Conclusion ?
Le Coeur de Gemme ne semble pas être de ces œuvres qui renouvellent ou transfigurent un genre, mais là n'est pas l'ambition. Ce premier tome annonce une fresque héroïque où moments de bravoure et d'abandon se heurtent aux règles cruelles des jeux de pouvoir. Le pur plaisir de lire une bonne histoire où les auteurs sortent le grand jeu pour vous embarquer dans presque 700 pages que vous lirez à toute vitesse. L'Héritier de l'Automne est sans doute un très bon choix pour lézarder au soleil cet été, les pieds solidement ancrés dans le sable.


Merci Bertrand, merci Marie, d'avoir joué l'avant-garde. Amis lecteurs, le destin de cette série est désormais entre vos mains !


P.S. : Et tant qu'on y est, voici la couverture du roman, due à Steve Stone !
 

Lamentation : le podcast

Après Rien que l’Acier, c’est le premier volet des Psaumes d’Isaak qui a donc droit aux honneurs d’une conversion en feuilleton audio (avec toujours l’équipe de Néolibertalia qui est derrière la table de mixage).

Aujourd'hui, vous avez droit aux deux derniers épisodes du feuilleton. Bonne écoute !

Lamentation (Les Psaumes d'Isaak - tome 1) de Ken Scholes ; illustration de Marc Simonetti 

Épisodes 7

Épisode 8
  
 

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