Un petit article sur le monde de l’édition aujourd’hui, suite à la parution récente d'un article dans Bookseller, l’équivalent britannique de notre Livres Hebdo.
L’un des sujets traités par le magazine concernait la Fantasy non anglophone. Comme vous les savez sans doute déjà, les marchés britanniques et américains sont occupés quasi exclusivement par des auteurs anglo-saxons... Mais en raison d'une demande sans cesse croissante de nouveauté et de diversité, on commence à voir débarquer, du moins au Roayume-Uni, dans un premier temps, des auteurs de toutes origines.
Dans cet article très intéressant intitulé "Future Fantasy", différents acteurs de l'édition britannique interviennent pour donner leur sentiment sur l'arrivée d'auteurs renommés au-delà de leurs frontières. Vous trouverez une copie scannée de la chose ci-dessous, il suffit de cliquer. Evidemment, c’est en anglais. Mais on va vous résumer l’essentiel et traduire quelques passages clés, d’autant que notre Stéphane (Marsan, directeur éditorial de Bragelonne) est également interrogé sur la question, en tant que connaisseur des marchés européens.
Il déclare notamment avoir constaté l’intérêt grandissant des éditeurs britanniques pour les traductions : « Le marché de la Fantasy se porte extrêmement bien et les lecteurs sont maintenant désireux d’en avoir plus. Le temps où les maisons d’édition du Royaume-Uni partent à la recherche de choses rafraichissantes, sortant des sentiers battus, arrive enfin. Il s’était passé la même chose avec le polar et la publication de Pérez Reverte ou Henning Mankell, et c’est ce qui arrive maintenant pour la Fantasy. »
L’article évoque plus d’une fois Andrzej Sapkowski en tant que fer de lance de cette vague d’auteurs venus d’ailleurs. La Saga du Sorceleur a en effet rencontré un joli succès sur les terres de Sa Majesté. (Précisons que cet article à été publié avant que l’auteur polonais ne soit adoubé par le David Gemmell Legend Award.)
Mais le premier "outlander" à avoir foulé sur le marché british est le russe Sergei Lukyanenko. Le grand succès de sa trilogie Night Watch (plus de 130 000 copies vendues dans le Royaume) a permis à Sapko et d’autres écrivains venus du Nord ou de l’Est de faire leur trou.
Pourtant, la question de la traduction du texte reste délicate : « La plupart des éditeurs à travers le monde ont l’habitude de publier des traductions. » dit le Marsan. « Ils savent comment fonctionner avec, puisqu'elles représentent une grande partie de leurs catalogues. Mais les éditeurs anglo-saxons, non. Comment le pourraient-ils ? Si je me rappelle bien, seulement 3 % des livres publiés dans le monde en anglais sont traduits d’une autre langue. C’est la plus effrayante et la plus absurde absence de curiosité que je connaisse. »
Fort heureusement - et la publication de ce reportage dans un journal spécialisé le prouve - les choses changent et les lecteurs britanniques commencent à découvrir des œuvres nouvelles. Markus Heitz, l’auteur allemand de la saga des Nains (publiée chez Milady), est ainsi publié en anglais depuis peu, et son arrivée en librairie semble appréciée.
Prochainement, les Anglais, Écossais, Irlandais et Gallois pourront expérimenter de nouvelles lectures exotiques. Encore de la Fantasy russe avec Les Chroniques de Siala d’Elexei Pehov et L’Étranger de Max Frei, de la SF made in Finlande par Hannu Rajaniemi, mais aussi une joyeuseté bien de chez nous : Les Lames du Cardinal. La version britanique du roman de Pierre Pevel sortira en effet cet automne sous le titre The Cardinal’s Blades! (Vous avez d'ailleurs un apercu de la couverture dans l'article et des détails de l'info sur ce lien.)
D’ailleurs, au passage, que ceux qui apprécient le livre et qui ont sursauté en lisant la dernière confession de Stéphane se rassurent : Bragelonne a supervisé la traduction anglaise du livre, puisque celle-ci a été orchestrée par notre ami Tom Clegg.
Quant à ceux qui cherchent à savoir ce que les sujets de Sa Majesté apprécient ou apprécieront, Stéph' à son idée sur la question : « Les livres européens sont souvent plus sombres. Il y a une approche plus intime de l’atmosphère et des personnages et aussi de la magie originale et des références littéraires. C’est la même chose que pour le cinéma de réalisateurs tels que Marc Caro, Jean-Pierre Jeunet ou Guillermo del Toro. »
Voilà. On espère que cet article sur le "petit" monde de l’édition vous aura plu. On essaiera d’ailleurs d’en faire d’autres. On vous invite tout de même à lire l’intégralité du reportage original, puisque les interventions de Sally Partington (Pocket books), Simon Spanton (Gollancz) et de Darren Nash (Orbit UK) sont réellement intéressantes... D'ici là, prenez soin de vous! Until then, take care!