Certains d’entre vous ont manifesté une réelle curiosité vis-à-vis de ce titre et de son auteur. Sous le nom à consonance anglophone se cachent en fait deux talentueux auteurs québécois : Yves Meynard et Jean-Louis Trudel.
Le premier a la particularité d’écrire de la fantasy et de la science-fiction aussi bien dans la langue de Molière que dans celle de Shakespeare. Il est ainsi l’auteur du Mage des fourmis et de The Book of Knights, entre autres. Ce rigoureux narrateur est le co-fondateur du fanzine Samizdat, et a été publié un bon nombre de fois dans la célèbre revue Solaris.
Le second est spécialiste d’astrophysique. Il a écrit plus d’une vingtaine d’ouvrages, notamment pour la jeunesse, et également un nombre incalculable de nouvelles. Ce fin psychologue a notamment président de l’association SF Canada pendant un temps. Aujourd'hui, il est secrétaire et trésorier de SF SF Boréal, organisation qui décerne le Prix Boréal.
Sous le pseudonyme de Laurent McAllister, ils ont publié une douzaine de nouvelles ainsi que trois romans aux éditions Médiaspaul. Ensemble ou séparément, les deux compères ont collectionné les récompenses, notamment le Prix Aurora.
Ce mois-ci, ils reviennent donc à charge avec Suprématie, un roman incroyablement téméraire. Mais afin de vous présenter au mieux les deux hommes et leur dernier né, nous laissons la parole à Jean-Claude Dunyach, directeur de la collection Bragelonne SF :
"Quand je suis arrivé à la tête de la collection Bragelonne SF, je n’ai pas caché mon intention de publier du Space Opera, et en particulier la version moderne, baptisée Nouveau Space Opera. (Je vous renvoie à l’anthologie récente qui porte ce titre, et qui contient plein d’auteurs que j’adore.) Le hasard veut que le dernier ouvrage que Bragelonne publie sous ma direction soit, justement, un des plus extraordinaires représentants de cette catégorie, écrit par deux francophones suffisamment inconscients et talentueux pour se lancer en collaboration dans un pavé de cette envergure. Et pour en faire un grand bouquin.
Mon premier contact avec Suprématie a été un manuscrit inachevé (même pas la moitié du livre) que Jean-Louis Trudel m’a négligemment fourré entre les mains dans les années 90, pour avoir mon avis. Il a fait le même coup à mon pote Ayerdhal, avec qui ont était en train d’écrire Étoiles Mourantes. Je dois confesser – il y a prescription – que ça nous a mis un peu la pression. Meynard et Trudel avaient placé la barre très haut : c’était foutraque, bourré d’idées, grandiose et terriblement frustrant. On en a discuté avec eux ou entre nous, Ayerdhal et moi, et on a attendu la fin du manuscrit. Qui n’est pas venue...
Alors, quand je me suis retrouvé en position de publier les bouquins qui me faisaient envie, j’ai eu un ricanement sadique et je me suis dit : "Attendez, mes chéris, ça fait dix ans que vous me faites lanterner avec l’histoire d’Alcaino, maintenant j’ai les moyens de vous faire trimer comme des esclaves pour ma satisfaction personnelle, MUHAHAHAHA !" Je leur ai fait une offre qu’ils n’ont pas pu refuser et aujourd’hui je savoure le plaisir totalement immoral et égoïste de publier un bouquin dont, j’avais, d’abord et avant tout, envie de connaître la fin."
Vous l’avez compris, Suprématie est une curiosité sur laquelle les passionnés de SF feraient bien de se pencher. Si vous êtes de ceux-là, vous pourrez le faire dès le 30 avril. Un tout petit peu de patience…