Cela fait deux bons mois que La Voix du Sang est sorti en librairie et le prodigieux roman d’Anthony Ryan est en passe de devenir une nouvelle référence du genre, si l'on se fie aux premiers chiffres de ventes.
Pour vous remercier de votre confiance, et maintenant que la riche actualité printanière est derrière nous, on vous propose la retranscription complète de l’entretien que l’auteur britannique nous a accordé il y a quelques temps de cela, pour Neverland.
Que ceux qui n’ont pas encore lu le roman se rassurent, aucun spoiler ne pointe à l’horizon. :)
Pourriez-vous commencer par vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Anthony Ryan. J’ai quitté la fonction publique pour devenir écrivain de science-fiction et de Fantasy à plein temps. Je suis l’auteur de Blood Song, une série d’Heroic-Fantasy, et de Slab City Blues, un polar de science-fiction sous forme de novellas.
Comment avez-vous décidé de vous mettre à écrire ?
D’aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours voulu écrire. Ça m’a toujours habité. À l’école déjà, les autres enfants s’agglutinaient autour de moi pour que je leur raconte des histoires de fantôme pendant la récréation. En grandissant, je me suis aperçu que des gens étaient payés pour inventer des trucs,et j'ai eu envie d’en faire partie, même si ça a pris du temps pour se concrétiser, bien entendu.
Que répondez-vous aux nombreux lecteurs qui vous comparent à David Gemmell et Patrick Rothfuss ?
Je suis un immense fan de David Gemmell et je suis toujours heureux de voir nos noms mentionnés dans la même phrase. Le fait que quelqu’un puisse comparer mon œuvre à celle d’un si grand auteur est un véritable honneur. Il a eu une influence certaine sur mon travail, comme sur celui de beaucoup d’autres. Par contre, je ne peux pas prétendre que Patrick Rothfuss ait eu la même influence pour la simple raison que je ne l’ai pas encore lu.
Comment vous est venue cette histoire ?
Je me souviens avoir voulu écrire un roman de Fantasy et, pour une raison quelconque, l’idée d’un héros appartenant à un corps militaire d’élite est venue à moi. Mais l’histoire n’a pris forme que lorsque la notion d’ordre religieux s’est superposée à cette idée. À cette époque, j’étudiais à temps partiel pour décrocher mon diplôme d’histoire et l’un des mes travaux concernait les conflits religieux, ce qui est devenu l’un des thèmes centraux du livre. C’était peu de temps après les attentats du 11 septembre 2001, ce qui a pu également m’influencer.
Vaelin est un personnage plein de nuances : c’est un Seigneur de Guerre réticent à ôter la vie, et ce même quand il est forcé d’accepter son destin…
Vaelin est effectivement une personne complexe. Il se voit comme quelqu’un qui a des compétences limitées, mais qui fait bien ce qu’il sait faire. D’une certaine manière, il est heureux, et le maquillage psychologique qu’il s’impose l’empêche de souffrir d’un quelconque traumatisme durable.
Certains individus s’adaptent bien à la guerre, et c’est le cas de Vaelin. Cependant, cela ne veut pas dire qu’il n’a pas conscience de la portée de ses actes. L’une des principales leçons que j’ai apprises en lisant David Gemmell, c’est que la notion de violence, même telle qu’elle est représentée dans un roman d’Heroic Fantasy, doit toujours avoir des conséquences pour être crédible. Je voulais aussi que Vaelin soit un héros éprouvant de la compassion.
Depuis sa publication, La Voix du Sang rencontre un soutien unanime de la part des lecteurs. En tant que grand lecteur vous même, comment réagissez-vous à cette vague d’affection ?
Avec beaucoup de surprise et de gratitude. L’accueil du public constitue la partie la plus agréable de l’expérience, notamment parce que je ne m’y attendais pas.
Vous avez débuté votre carrière en vous auto-publiant. Maintenant que vous travaillez avec un éditeur, est-ce que votre façon de travailler diffère ?
Quand je suis passé à l’édition classique, la découverte des dates butoirs a fait irruption dans ma vie. Voilà le principal changement. J’ai mis six ans à écrire La Voix du Sang, et on m’a donné un an pour écrire la suite. J’ai dû modifier radicalement ma façon d’écrire. De fait, ça m’a obligé à travailler plus dur, ce qui n’est pas plus mal.
Sans déflorer l’intrigue du premier tome, que pouvez-vous nous dire sur le deuxième, Le Seigneur de la Tour ? (Sortie prévue au printemps 2015.)
La Voix du Sang était un livre déjà assez sombre, mais j’ai bien peur que ça empire pour Vaelin et les autres protagonistes de la série. Alors que le premier tome jetait les bases d’un vaste univers, les deux prochains tendront à le bouleverser.
De façon plus générale, quels sont vos projets ?
Cette année, je compte bien finir ma série Slab City Blues par un roman en bonne et due forme. Je travaille aussi sur une autre série de Fantasy dans un monde totalement nouveau et différent de celui de Blood Song, mais tout aussi agréable à lire j’espère.
Notre question rituelle, pour conclure. Pourriez-vous résumer La Voix du Sang en seulement trois mots ?
Foi. Guerre. Fraternité.