C’est au tour du successeur de Jean-Claude à la direction de "Bragelonne SF" de squatter notre blog à l’occasion de la tenue imminente de la convention Québécoise. Il évoque ici son expérience de lecteur, le genre qui lui est cher ainsi que son dernier chouchou en date. Il y a même deux ou trois petites infos sur l'avenir de la collection... Wink

Quand j’ai rejoint Bragelonne en mars 2005 comme adjoint de Jean-Claude Dunyach qui était en train de créer "Bragelonne SF", nous nous sommes mis rapidement d’accord  sur l’idée que le Space Opera contemporain devait être l’un des axes majeurs de cette collection. Étant tous les deux nés en 1957 – l’année du lancement de Spoutnik, à l’aube même de l’ère de l’espace – je crois que nous avons tous les deux, lui en France et moi aux États-Unis, subi la même attirance irrésistible vers les grandes épopées spatiales et les mystères d’un cosmos qui, à cette époque, semblait presque à portée de main. Dans mon cas, j’ai pris la route classique des jeunes fans américains en commençant par les romans de Robert Heinlein, d’Andre Norton et d’E.E. 'Doc' Smith avant de passer à des choses un peu plus ardues comme Asimov, Clarke et James Blish.

                   

Puis il y a eu mes années hippie (si, si, autrefois j’avais des cheveux et même très longs) quand je lisais Dick, Ballard ou Aldiss, et ensuite ma période gauchiste quand je lisais Gibson et Sterling, du moins en public. En fait, je continuais à lire d’autres auteurs aussi – Niven, Card, Cherryh et Brin, entre autres – en cachette. Donc je suis un amateur de Space Opera "traditionnel", mais tout comme Jean-Claude, je vois bien qu’un saut qualitatif s’est produit vers la fin des années 1980 et le début des années 1990, quand les romans d’Iain M. Banks, de Dan Simmons et de Vernor Vinge ont commencé à paraître, puis ceux de Paul McAuley, Stephen Baxter et Peter F. Hamilton. Tout d’un coup, le Space Opera est devenu la forme la plus riche et la plus sophistiquée de la science-fiction, du point de vue de l’apport scientifique, de la conscience politique et du style littéraire. Et cela continue à être le cas aujourd’hui.

En publiant Peter Hamilton (les cycles L’Étoile de Pandore et La Trilogie du Vide), Robert Reed (Le Grand Vaisseau et Un puits dans les étoiles), Iain M. Banks (L’Algébriste), Ken MacLeod (La Veillée de Newton) ou les Australiens Sean Williams et Shane Dix (la trilogie des Orphelins de la Terre dont le deuxième tome vient de paraître), nous avons voulu amplifier et développer ce courant ici, en France. Jean-Claude a donné un bon aperçu de l’effervescence dans les milieux SF anglophones autour de la chose en écrivant un essai Du Space Opera au Nouveau Space Opera : la métamorphose d’un genre, paru dans notre revue (hélas éphémère !) Science-Fiction 2006 et toujours accessible en ligne sur Noosfere. Je suis resté assez perplexe en constatant la levée de boucliers ici ou là devant l’utilisation de ce label (même si j’ai ri en voyant le titre "NSO, Quèsaco ?" sur un article de Philippe Curval dans Le Magazine Littéraire), et un peu déçu par le niveau du débat qui s’est ensuivi, certains semblant vouloir surtout noyer le poisson afin de se rassurer sur le fait qu’il ne se passait rien et qu’ils pouvaient ainsi continuer à dormir tranquilles.

Moi, par contre, j’ai sauté de joie en voyant l’arrivée d’une bonne grosse anthologie, The New Space Opera, compilée par deux maîtres de l’art, Gardner Dozois et Jonathan Strahan, avec 18 nouvelles de haut vol. Certaines, comme celles de Hamilton et Reed, étaient directement liées aux séries qu’on publiait déjà, d’autres étaient signées par des auteurs qui figuraient dans notre collection ou qui vont bientôt faire leur apparition (Ken MacLeod, Ian MacDonald, Paul McAuley et Stephen Baxter), mais dans l’ensemble il y avait exactement ce qu’il fallait pour illustrer nos propos dans cette anthologie.

Alors j’ai fait des pieds et des mains vis-à-vis de Jean-Claude pour qu’il la publie. Comme il est gentil, il a donné son accord tout de suite, mais à condition que je m’en occupe… J’ai donc passé une bonne partie de 2008 à réunir une équipe de traducteurs (13 au total, chacun adapté au style de l’auteur qu’il traduisait) et à travailler avec eux. Ils étaient tous formidables (on a des traducteurs très, très forts et on ne le dit jamais assez !) et c’était une expérience passionnante pour moi, vu la variété et la complexité de ces nouvelles, chacune avec son lot de problèmes conceptuels et ses particularités. Puis Jean-Claude nous a fait passer une dernière inspection, en remontant parfois l’angle d’un fusil ou en nous obligeant à polir les boutons. Et à la fin nous avons eu notre version française : NSO : Le Nouveau Space Opera.

Le Nouveau Space Opera, anthologie de Gardner Dozois et Jonathan Strahan ; illustration de Stephan Martinière

Ensuite, nous avons envoyé des exemplaires à Gardner et à Jonathan et, dans nos échanges par mail, j’ai appris qu’ils allaient tous les deux venir à Montréal. Et que si de notre côté nous venions de publier NSO, de leur côté ils s’apprêtaient à renchérir avec un New Space Opera, Volume 2 rassemblant cette fois-ci 19 auteurs allant de Neal Asher à John C. Wright. J’ai répondu que dans ce cas ce serait une bonne idée de prévoir une séance de dédicaces conjointe pour leurs lecteurs anglophones et francophones. Jonathan a immédiatement voulu aller plus loin, et voir combien de "new space operators" on pourrait réunir en même temps pour signer des livres. Car il y a au moins une bonne dizaine de participants aux deux tomes qui seront présents à cette convention :

  • Jay LakeWalter
  • Jon Williams
  • Mike Resnick
  • John Scalzi
  • James Patrick Kelly
  • Cory Doctorow
  • Robert Charles Wilson
  • Bill Wallingham, Peter Watts
  • Nancy Kress
  • Robert Silverberg
  • et même un des traducteurs : Lionel Davoust.

J’ai dû encore faire des pieds et des mains (oui, vous avez tout compris, mon boulot consiste principalement à faire des pieds et des mains devant les gens !) pour que les organisateurs nous trouvent une salle. Comme ils sont gentils (eux aussi), ils ont dit oui... pourvu que je m’en occupe (je commence à avoir l’habitude).

Rendez-vous donc à Montréal le dimanche 9 août, à 17h dans la salle 517D, avec ces aventuriers de l’infini !


Le rendez-vous est noté! Veuillez également revenir demain, ici même, pour la publication du communiqué de presse officiel de Bragelonne concernant Anticipation !

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