Après avoir fait un tour d’horizon des auteurs anglos-saxons la semaine dernière, penchons-nous sur les gratte-papiers usant de la langue de Molière, qu’ils proviennent de notre continent ou de l’autre côté de l’Atlantique…

 

Bien que la convention se tienne en Amérique du Nord, la Worldcon sera en partie francophone, grâce soit rendue à la ville de Montréal, qui héberge cette année la manifestation!

Pour le coup, certains auteurs français et belges iront rejoindre leurs cousins québécois pour parler SF et Fantasy durant quelques jours. Aux côtés d’une Jeanne-A Debats (La Vieille anglaise et le continent), d’un Ugo Bellagamba (La Cité du soleil), d’un Lionel Davoust (lauréat du prix Imaginales cette année pour sa nouvelle L’Île close) ou encore d’un Alain le Bussy (Piège vital), les Bragelonniens seront en force.

Comme on vous l’avait expliqué, notre troupe sera menée par Stéphane Marsan, notre directeur éditorial, et Tom Clegg, qui dirige la collection "Bragelonne SF" depuis le début de l’année. Quant aux auteurs qui auront la chance de profiter de la poutine, en voici un petit listing/rappel.


Joël Champetier
(Québec) :
Rédacteur en chef de la revue Solaris, Joël est un auteur de Science-fiction et de Fantasy comptant déjà une quinzaine de romans dans sa bibliographie, dont La Mémoire du lac, qui a été couronné par le Grand Prix de la Science-Fiction et du Fantastique Québécois ainsi que le prix Aurora du meilleur roman en 1995. Son roman La Taupe et le Dragon a été traduit en anglais et publié aux États-Unis sous le titre The Dragon's Eye. Les Sources de la magie, un roman malicieux et passionnant qui rappelle Jack Vance et édité en France par Bragelonne, a lui reçu le prix Boréal en 2003.

Jean-Claude Dunyach (France) :
Ex-chanteur et guitariste d’un groupe de rock, docteur en mathématiques appliquées, ingénieur pour EADS et parolier (rien que ça), Jean-Claude Dunyach écrit des récits de Science-fiction depuis le début des années 80. Sa nouvelle Déchiffrer la Trame a obtenu le Grand Prix de l'Imaginaire et le Prix Rosny Aîné en 1998, et sa traduction en langue anglaise a été déclarée meilleur récit de l'année par les lecteurs du magazine anglais Interzone à la suite d'un vote des lecteurs. Son roman Étoiles Mourantes écrit en collaboration avec Ayerdhal, a obtenu le Grand Prix de la Tour Eiffel 1999 ainsi que le Prix Ozone 2000. Jean-Claude a été rédacteur pour la revue Galaxies puis directeur de la collection "Bragelonne SF" de 2005 à 2009.

Laurent Genefort (France) :
Autre spécialiste de la Science-fiction (il a développé une thèse de doctorat sur les livres-univers de la SF), Laurent a publié plus d’une trentaine de romans chez les plus prestigieux éditeurs. En 1995, il est le lauréat du Grand Prix de l’Imaginaire pour le roman Arago. Il publie à partir de 2001 l’un de ces cycles les plus ambitieux, Omale. Grand amoureux de la SF, Laurent compte tout de même plusieurs incursions dans le monde de la Fantasy. On lui doit dernièrement le cycle burlesque d’Alaet et la trilogie de Dark Fantasy Hordes. Depuis un an, Laurent dispose d’une nouvelle casquette puisqu’il dirige chez Bragelonne la collection "Les Trésors de la SF" dont le but est de réunir les plus ouvrages de références du genre.

Anne Guéro, dite Ange (France) :
Moitié féminine du duo qu’elle forme avec Gérard, Anne a commencé sa carrière comme auteur de jeux de rôles. Des années après leur premier roman pour la jeunesse, L’œil des Dieux, Anne et Gérard ont écrit un très grand nombre de bandes-dessinées (Le Collège invisible, La Geste des chevaliers-dragon, Némésis, Bloodline…) et plusieurs romans. Ils sont notamment les auteurs d’Ayesha, La Légende du peuple turquoise, sans aucun doute l’un des plus grands textes publiés par Bragelonne. Tragédie grandiose dénonçant le fanatisme religieux, le racisme et l’intolérance à travers une poignante histoire d’amour, Ayesha transcende le roman historique, l’aventure et la Fantasy. On leur doit également Le Grand Pays, premier acte d’une nouvelle grande trilogie.

Yves Meynard & Jean-Louis Trudel, alias Laurent McAllister (Québec) :
Le premier a la particularité d’écrire de la fantasy et de la science-fiction aussi bien dans la langue de Molière que dans celle de Shakespeare. Il est ainsi l’auteur du Mage des fourmis et de The Book of Knights, entre autres. Ce rigoureux narrateur est le co-fondateur du fanzine Samizdat. Le second est spécialiste d’astrophysique. Il a écrit plus d’une vingtaine d’ouvrages et un nombre incalculable de nouvelles. Ce fin psychologue a notamment président de l’association SF Canada pendant un temps. Aujourd'hui, il est secrétaire et trésorier de SF Boréal, organisation qui décerne le prix du même nom. Sous le pseudonyme de Laurent McAllister, ils ont publié une douzaine de nouvelles ainsi que trois romans aux éditions Médiaspaul. En avril dernier, ils livraient chez Bragelonne Suprématie, un roman de Space Opera incroyablement ambitieux empreint de Hard Science et légèrement influencé par Star Wars.

Pierre Pevel (France) :
Féru d’Histoire et d’aventures, Pierre Pevel intègre allègrement tout ceci dans chacun de ses romans. Il est aujourd’hui l’un des fleurons de la Fantasy française. En 2002, il obtient le Grand prix de l’Imaginaire pour la première aventure du Chevalier Kant, Les Ombres de Wielstadt, et le prix Imaginales en 2005 pour L’Elixir d’oubli, la suite des Enchantements d’Ambremer. Avec Les Lames du Cardinal (Prix Imaginales des Lycéens en mai dernier) et L’Alchimiste des ombres, l’auteur rend hommage aux plus grands romans de cape et d’épée – Les Trois mousquetaires en tête - tout en construisant un fantastique récit, admirablement documenté. Les Lames du Cardinal est un éclatant succès, déjà traduit dans six langues... dont l’anglais, événement sans précédant dans le petit monde de la Fantasy française !

Patrick Senécal (Québec) :
Professeur de littérature, de cinéma et de théâtre, Patrick Senécal est l’auteur de plusieurs romans d’horreur ayant chacun remporté un énorme succès au Québec.  Tous ses romans, réputés pour leur intensité dramatique,  ont été ou sont en cours d’adaptation au cinéma, au théâtre ou à la télévision. C’est le cas de Sur le seuil, effroyable thriller publié en 2006 par Bragelonne, dans lequel un psychiatre désabusé traite un Stephen King en puissance, victime d’une force diabolique. La prochaine adaptation cinématographique dérivée de son oeuvre est celle de 5150 rue des Ormes, prévue pour la fin de l’année.

 

Bref, un joli petit casting, n’est-ce pas ? Mais à dire vrai, il n’est pas tout à fait complet. Il manque une convive de marque qui est Élisabeth Vonarburg. Cette dernière est d’ailleurs l’invité d’honneur d’Anticipation, avec Neil Gaiman.

La revue Galaxies lui ayant justement consacré un dossier, à notre tour de braquer les projecteurs sur un auteur particulièrement important dans le monde francophone. Pour l’occasion, l’ami Jean-Claude Dunyach a tenu à introduire personnellement cette grande dame de la SF. Je lui laisse donc la parole.


Élisabeth Vonarburg est née en France en 1947, et a émigré au Canada, dans le Saguenay, en 1973. Elle œuvre dans le domaine de l’imaginaire depuis la fin des années 70, à la fois comme auteur (on lui doit des œuvres aussi importantes que Le Silence de la cité, Chronique du pays des mères, les cycles de Tyranaël et de Reine de Mémoire, plusieurs recueils de nouvelles - elle totalise plus d’une trentaine de prix et je peux témoigner de l’encombrement de ses étagères Wink); comme traductrice (les lecteurs de "Bragelonne SF" ont vu son nom sur Gradisil d’Adam Roberts, sur Aux marges de la vision de Linda Nagata, sur la série Les Experts récupérateurs de Katherine K. Rusch, en attendant l’arrivée de Carnaval d’Élizabeth Bear en avril 2010); comme éditrice (elle a été longtemps rédactrice en chef de la revue Solaris); comme essayiste (son livre Comment écrire des histoires, guide de l’explorateur, sert de référence à toute une génération d’auteurs), etc. etc.

Elle a été aussi quelqu’un qui a, de façon continue, patiente et obstinée, organisé des événements, des rencontres, des opportunités de création. Avec ses ateliers d’écriture, les congrès Boréal auxquels elle a beaucoup contribué, quand elle ne les organisait pas elle-même, ses interventions sur le net… Elle a tissé une toile de correspondants à qui elle a prodigué conseils et encouragements pendant des décennies.

Un exemple ? En 1988, au congrès Boréal de Chicoutimi, qu’elle organisait et où elle avait tenu à m’inviter alors que je débutais à peine dans le domaine, elle m’a présenté deux auteurs canadiens francophones, à peine plus jeunes que moi, en me disant : « voilà deux personnes que tu aurais intérêt à suivre, parce qu’on en entendra parler dans les années qui viennent ! ». Il s’agissait de Jean-Louis Trudel et d’Yves Meynard, qui, ensemble ou séparément, ont écrit quelques-uns des textes les plus marquants de la SF francophone de ces dernières années. Et, sous le nom de McAllister, on les retrouve au sommaire de la collection "Bragelonne SF", vingt ans plus tard. Merci Élisabeth

Donc, à Montréal, elle sera présente partout, courant d’un panel à l’autre, d’un discours au suivant. Elle participera sans doute aussi au congrès Boréal qui a lieu en même temps que la convention, prendra sans doute quelques minutes pour assister à sa party d’anniversaire, recevra son lot d’hommages et de manifestations d’amitié. Telle que je la connais, elle en profitera pour écrire quelques lignes d’une future histoire, elle lancera un projet ou deux, ronchonnera sur le fait que ce n’est pas une vie et laissera derrière elle l’impression qu’une tornade très puissante et très sage est passée dans le coin.
 
Pour ceux qui ont envie d’en savoir plus sur elle, on peut consulter son site en suivant ce lien.   


Merci Jean-Claude. Quant à vous, chers lecteurs, à mercredi prochain pour une nouvelle actualité spéciale Anticipation !

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